Libération a publié ce matin une photo choc d'un petit garçon mort rappelant la photo d'Aylan qui avait ému le monde entier.
Le fait média du jour, c’est la Une choc de Libération, ce matin. Le quotidien publie la photo d’un enfant, un réfugié, mort sur une plage grecque. Une photo publiée deux mois après celle du petit Aylan qui avait choqué le monde entier.
Que voit-on sur cette photo bouleversante, publiée en Une de Libération ?
On y voit le corps d’un jeune garçon, un Afghan d’une dizaine d’années, allongé sur le dos, sur une plage de galets, à quelques centimètres du rivage. Il n’a plus qu’une seule chaussure, son pied gauche est nu, il porte un anorak, un pantalon, ses vêtements sont mouillés ,ses cheveux sont mouillés, ses yeux sont fermés, son corps est figé : ce jeune garçon est mort !
Sa dépouille a été retrouvée dimanche, sur une plage de l’île grecque de Lesbos. C’est là qu’a été prise cette photo qui fait donc la Une de Libération ce matin. Une image insoutenable barrée de ce titre choc : "Chaque jour, deux Aylan".
Ce titre, bien évidemment, il fait référence à Aylan Shenu, ce jeune enfant syrien qui tentait de rallier l’Europe avec sa famille et dont le corps avait été retrouvé sur une plage de Bodrum, en Turquie, le 2 septembre dernier.
Le quotidien raconte que, depuis ce drame, plus d’une centaine d’enfants ont perdu la vie en mer Egée : 108 morts, en seulement deux mois, deux enfants, morts chaque jours, depuis la noyade du petit Aylan.
Aylan, dont la photo avait fait le tour du monde à l’époque.
Une photo "iconique", un cliché "emblématique". C’est d’ailleurs ce que relève Didier Péron, dans l’éditorial qu’il signe ce matin dans Libé. Un cliché qui avait réveillé les consciences.
Cette image du petit Aylan avait suscité une émotion mondiale, vous vous en souvenez sûrement, d’abord sur les réseaux sociaux où elle était partagée des milliers de fois. On l’avait retrouvée ensuite dans les médias traditionnels.
Elle était en Une de très nombreux journaux à travers toute l’Europe, notamment en Grande-Bretagne où le Daily Mirror, le Guardian, le Times, The Independant, et même le Sun avait fait ce choix éditorial, dès le lendemain.
El Pais en Espagne, Le Soir en Belgique avait aussi publié ce cliché, qui devenait alors le symbole de l’inaction occidentale face au drame de l’afflux des réfugiés. Face à la tragédie de ces milliers de migrants qui fuient la guerre en Syrie.
Un symbole ? Oui, mais voilà, à l’époque, la presse française était passée complètement à côté. Certes les chaînes d’information en continu la commentait abondamment, mais rien dans la presse écrite.
Rien dans Libération qui ce jour-là titrait sur un sujet franco-français : la manifestation du monde paysan à Paris.
Un couac que le quotidien avait tenté d’expliquer dans ses colonnes, dès le lendemain, faisant amende honorable et reconnaissant son incapacité à déceler la puissance de l’image du petit Aylan.
Ce matin, Libération tente donc de se rattraper et surtout de relancer le débat,de ne pas oublier.
Ce matin, avec la publication de cette photo choc, Libération rappelle que le drame des migrants n’a pas disparu même si elle n’est plus sous les projecteurs des médias.
Le quotidien consacre quatre pages au sujet, quatre pages sur lesquelles il égrène les identités de 111 enfants. Une liste macabre dans laquelle on trouve seulement deux prénoms : celui d’Aylan et de son frère Ghaleb. Le reste de cette liste, elle se compose simplement de "X", d’enfants anonymes, avec parfois leur âge, et le lieu où leurs dépouilles ont été retrouvées.
Mais cette liste, elle traduit aussi en sous-texte l’indifférence générale dans laquelle se produit quotidiennement cette tragédie.