Après l'assaut donné par les forces de l'ordre à Saint-Denis hier, deux polémiques ont enflé sur les réseaux sociaux.
Tout d'abord, le hashtag "Jesuischien" qui a été relayé suite au décès du chien d'assaut Diesel puis le témoignage à la télévision de Sabine, une voisine entièrement voilée.
Le fait média du jour, c’est les réseaux sociaux qui se sont enflammés hier en marge de l’assaut mené par les hommes du RAID à Saint-Denis. Deux sujets ont divisé les internautes et provoqué des milliers de réactions parfois très violentes.
Le premier, c’est un hashtag, apparu sur Twitter dans la matinée.
Un mot-clé repris plusieurs milliers de fois par les utilisateurs du réseau social. Ce hashtag, cette phrase, c’est : "je suis un chien". Elle a fait son apparition lorsqu’on a appris la mort d’un chien d’assaut alors que l’opération des forces d’intervention était toujours en cours. Elle s’appelait Diesel, c’était un malinois âgé de 7 ans, elle était membre du RAID. Sa mission sur ce genre d’opération, était d’immobiliser un ennemi. Hier, elle n’en a pas eu le temps, elle a été abattue d’une rafale de Kalachnikov par un terroriste retranché.
L’annonce de la mort de Diesel a été rendue publique par la Police Nationale et elle a immédiatement été partagée des milliers de fois, bien souvent accompagnée de ces quelques mots : "je suis un chien". Ça fait évidemment référence au hashtag "je suis Charlie" apparu sur internet au lendemain des attaques terroristes de janvier dernier. On comprend assez naturellement que c’est un témoignage, une forme de soutien exprimée aux forces d’intervention. Une manifestation de solidarité aussi.
Sauf que voilà, à l’opposé, de nombreux internautes ont pris cette phrase au premier degré. Ils se sont insurgés de l’émotion suscitée par la mort d’un chien en écho à celle des dizaines de victimes humaines des attentats. Pour eux, il est totalement indécent de mettre sur le même plan la vie d’un homme à celle d’un animal.
L’autre sujet qui a divisé les réseaux sociaux, c’est un témoignage diffusé hier sur plusieurs chaînes de télé.
Ce témoignage, c’est celui d'une habitante de Saint-Denis. Elle vit dans l'immeuble où s'est déroulé l'assaut du Raid, dans un appartement situé juste en-dessous de celui des terroristes pris pour cibles par les forces d'intervention. Elle s'appelle Sabine, et hier, son témoignage, elle l'apporte d'abord aux chaines d'information en continu BFM TV et iTélé avant de le livrer à France 2. Elle raconte la violence de l’assaut, les explosions et les coups de feu…
Et si cette image en a choqué certains, c'est parce que le visage de Sabine est recouvert par un voile. Elle s'exprime face caméra, mais on entrevoit seulement son regard. De sa main gauche, elle maintient un pan de son voile pour recouvrir sa bouche.
Pour beaucoup d’internautes, il s’agit d’une provocation. Parmi les voix qui s’élèvent alors, il y a celle de la journaliste François Laborde, ancienne membre du CSA qui poste ce tweet :"Je rêve ou @France2tv fait témoigner une femme en niqab ou en voile intégral?". Et puis elle pose cette question : "Ce n'est pas interdit en France ?"
Françoise Laborde fait ici référence à cette loi de 2010 qui interdit de dissimuler son visage dans l’espace public.
Une autre personnalité s’est aussi exprimée sur cette image très sensible, c’est Nadine Morano. L’euro-députée s'exprimait en début d’après-midi sur son compte Facebook en constatant que "le voile intégral s’exposait désormais en toute impunité sur les télévisions françaises..."
Elle y voit une provocation et "la démonstration d’une banalisation de comportements communautaristes et anti-républicains".
Un credo suivi par de très nombreux internautes qui voyaient dans l’interview de cette jeune femme une "infraction en direct" et qui n’hésitaient pas, pour certains, à l’associer aux terroristes pris pour cibles dans l’assaut.
Mais dans la journée, une chaîne a réagi pour tenter de décrypter cette image et de désamorcer la polémique.
Face à la déferlante de commentaires haineux contre la jeune femme, une chaîne a décidé de répondre. C’est i-Télé, avec cette précision diffusée sur son compte Twitter : "non cette femme ne porte pas de niqab, elle a mis ce voile pour rester anonyme".
Ce n’est donc pas pour signifier son appartenance religieuse que Sabine maintient son voile devant son visage, mais bien pour ne pas être reconnue. Une justification confirmée un peu plus tard par l’envoyée spéciale de la chaîne info qui a réalisé cette interview.
Mais l’explication ne convainc pas tout le monde, loin de là. Elle a même attisé des commentaires parfois beaucoup plus virulents contre la jeune femme et contre des "médias complices".
Ces deux polémiques qui ont enflammé la toile hier en périphérie de l’assaut mené hier par le RAID, démontrent une fois de plus la violence qui peut circuler sur les réseaux sociaux qui servent souvent de déversoir à toutes les haines. On relève régulièrement cet emportement hâtif.
Ce matin, on préfère retenir les élans de solidarité que les Twitter et autres Facebook peuvent aussi véhiculer. Ils ont aussi été nombreux, très nombreux ces derniers jours…