Télé : que se passe-t-il avec les talk-show en seconde partie de soirée ?

Le fait média du jour, Jérôme Ivanitchtenko 03.02.2016 1280x640 3:25
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Les chaines de télévision ont de plus en plus de mal à installer des talk-show en seconde partie de soirée.

Le fait média du jour, c’est cette difficulté à installer de nouvelles émissions en 2e partie de soirée. Depuis plusieurs semaines, les chaînes se cassent les dents sur ce créneau et les projets en cours mettent beaucoup de temps à se concrétiser.

Alors que se passe-t-il sur cette tranche horaire ?

C’est un peu le triangle des Bermudes des grilles de programmes. Ce créneau horaire des deuxièmes parties de soirée, les publicitaires et les producteurs l’appellent le "night", c’est ce qui suit directement le prime-time.
Contrairement à ce qu’on constate à d’autres moments de la journée, notamment l’après-midi ou en début de soirée, c’est un créneau qui bénéficie très peu de l’effet d’aspiration. En clair, ce n’est pas parce qu’une première partie de soirée fait le plein que les téléspectateurs restent cramponner devant leur écran. Il n’y a pas de report massif de l’audience et ce, même lorsqu’il s’agit d’émissions nouvelles.
Comme le prouvent les déconvenues de Frédéric Lopez, à la peine avec sa Folie passagère, le mercredi soir. Il tente bien de retrouver quelques couleurs, d’adapter son concept en cours de route, mais avec 960.000 fidèles de moyenne pour 8,5 % du public, on est assez loin des résultats attendus.
Ce constat, tout le monde le fait. Du coup, du côté des chaînes on minimise la prise de risque, on innove peu. On joue la carte de la sécurité avec des rediffusions ou des séries sans enjeu ou pour France 3, avec une tranche d’info très identifiée.
Bref, ce n’est pas sur ce créneau qu’on se concentre pour renouveler l’offre.

Il faut dire aussi que les secondes parties de soirée commencent désormais de plus en plus tard :

C’est une conséquence mécanique de ce qui se passe juste avant, de l’heure à laquelle démarrent les programmes de prime-time.
Prenons un seul exemple, un cas extrême, c’est Touche pas à mon poste sur D8. Hier soir, Cyril Hanouna a rendu l’antenne à 21h16. Vous ajoutez une bonne grosse page de pub et quelques bandes-annonces et le film L’antidote, programmé initialement à 21h00, s’est retrouvé à l’antenne à 21h24, très précise. Effet domino logique, la deuxième partie de soirée a débuté après 23 heures.
C’est tard, c’est très tard…

Alors, bien sûr, la situation n’est pas aussi extrême sur toutes les chaînes, mais elle est tout de même révélatrice d’une tendance. Souvenez-vous, avec la suppression de la publicité après 20h sur le service public, on s'attendait à ce que les prime-time commencent plus tôt. Aujourd’hui, il n’en est rien.
Pour rencontrer le succès, les chaînes feraient peut-être bien de prendre un peu plus en considération le besoin de sommeil des téléspectateurs.

Conséquence, les projets sur ce créneau sont un peu au point mort :

On sait qu’Alessandra Sublet prépare un nouveau programme, Action ou vérité, pour le vendredi, en seconde partie de soirée sur TF1. Les tournages doivent enfin se dérouler mi-février mais le concept a mis un temps infini à se mettre en place.
Même chose pour Christophe Dechavanne qui planche depuis plusieurs mois sur un talk-show. Le mois dernier, l’animateur était dans ce studio et il ne cachait pas les difficultés à mener à bien son projet.

En plus de l’horaire, la forme est donc aussi un frein. Pour les producteurs, traiter l’actualité semble compliqué en seconde partie de soirée comme Jean-Marc Morandini avec Face à France, déprogrammé par NRJ 12 parce qu’elle collait trop aux thématiques d’actu.

Après le casse-tête de l’access prime time ces dernières saisons, en voilà un autre, celui des secondes parties de soirée !