Après 18 mois de gestion d'un pays sans gouvernement, le roi de Belgique abdique et passe la main à son fils.
Les principales déclarations de Vincent Meylan, chef du service Royauté à l’hebdomadaire Point de vue :
Il faut croire à la version officielle ?
"Oui ! Abdiquer est à la mode dans les monarchies, aux Pays-Bas c'est une tradition, ça s'est toujours fait. En Belgique, n'oublions pas qu'Albert II a été roi par hasard, il a succédé au roi Baudouin qui a fait une crise cardiaque, il n'était pas vraiment destiné à devenir roi, il a tenu 20 ans dans une période politique un peu compliquée, il a envie de passer la main. Les royaux sont parfois plus raisonnables que certains politiques !"
On dit que l'affaire de sa fille naturelle présumée l'a poussé à partir...
"Cette affaire est survenue, dans sa version la plus grave, il y a quelques années déjà quand on a appris son existence ! Fille qui n'est pas présumée d'ailleurs, elle n'est pas reconnue officiellement mais le roi a admis que c'était sa fille ! Le plus grave de cette crise a eu lieu il y a plusieurs années, ce n'est pas ça le vrai problème. Je pense que c'est une décision politique, raisonnée, le climat politique s'étant apaisé il a estimé qu'il pouvait passer la main sans trop de danger. Les 18 mois de gestion du pays sans gouvernement ont dû être assez compliqués et fatigants..."
C'est le symbole de l'unité en Belgique, ne risque t-on pas une nouvelle crise politique ?
"Non, car il a démontré que les rois pouvaient servir à quelque chose quand il y a une crise ! Le mode de transmission à son fils est la démonstration-même que les rois s'affairent quand il y a une guerre, une crise politique grave... Ça incarne la continuité dans un pays qui peut avoir des soubresauts politiques un peu compliqué..."
On dit du fiston qu'il manque de charisme...
"J'attends cette question à chaque fois ! Un prince héritier, un métier d'eunuque, on ne peut rien faire, rien dire ! Les princes héritiers deviennent roi, quand ils deviennent roi en général c'est pas mal... On a dit d'Edouard VII qu'il a été un bon à rien pendant 60 ans, avant de devenir un roi génial pendant 10 ans. Laissons-le démarrer son règne !"
Peut-on imaginer que Juan Carlos abdique ?
"On peut l'envisager mais en Espagne c'est un peu compliqué : le climat est dur, la famille royale n'est au zénith de sa popularité... Je pense que ce n'est pas le bon moment pour le roi de passer la main."
En Angleterre, c'est inenvisageable ?
"C'est l'exception qui confirme la règle ! Tout le monde peut abdiquer, faire des réformes, la seule chose qui ne changera jamais c'est l'Angleterre !"
On a bien vu un pape démissionner...
"Je pense que la lourdeur du système britannique est plus importante que celle du Saint-Siège, le poids de la tradition est plus fort ! Je rappelle que la reine d'Angleterre a un point commun avec le pape, elle est chef de l'église anglicane ! Ca a la même dimension un peu religieuse..."
