Le président de la République recevait des auteurs de livres sportifs, l'occasion pour lui de faire l'éloge de la "mollesse" en référence au penalty de Panenka.
W.B. : Votre portrait ce matin, François Hollande mais vu par lui même. Un autoportrait en somme. Celui qu'en dresse la presse n'est en général guère flatteur, on est jamais si bien servi que par soi-même.
En effet, François Hollande recevait cette semaine à l'Elysée les auteurs de livres sur des grands sportifs ou le sport, parmi eux Bernard Pivot entre autres. On a beaucoup parlé de l'euro 2016. Du foot, il en a été question dans son discours. Le président s'est plu à évoquer le jeu du tchèque Antonin Panenka qui, en 1974, avait marqué un but en frappant à peine le ballon. L'occasion pour lui de filer la métaphore pour justifier sa façon de gouverner qui n'est pas toujours comprise : 76 % des électeurs de gauche jugent qu'il faudrait à la France un vrai chef pour remettre de l'ordre. Le président a fait lui l'éloge de la "mollesse."
W.B. : Après l'éloge de la mollesse, suivait celle de la lenteur....
Là, le président a pris l'exemple d'un autre footballeur de légende, le néerlandais Yohan Crueff récemment décédé. "Courir ne sert pas forcément à grand chose... c'est le ballon qui doit aller vite, ça mérite une réflexion" a t-il déclaré. Et bien réfléchissons ! Ce dont nous parle François Hollande, c'est de la fable du lièvre et de la tortue revisitée. L'essentiel est d'arriver au but, sans se presser. Le but étant 2017...
W.B. On a l'impression que le président reçoit les journalistes surtout pour parler de lui.
De lui et toujours de sa méthode, celle d'être ferme mais sur une ligne perpétuellement transactionnelle. "On n'aboutit à rien, dit-il, si l'on veut passer en force.. Moi pour réformer, ce que je veux c'est le compromis."
La discussion sur la Loi El Khomri commence lundi au Parlement, le délai accordé aux députés pour proposer des amendements été rallongé jusqu'à ce soir, il pourrait en avoir 5.000 ! On verra ce qu'il restera de la loi déjà dénaturée par rapport à ses objectif, et même s'il y a une majorité pour la voter...
W.B. Aujourd'hui la gauche qui manifeste, Nuit debout et les frondeurs, l'accusent de trahir les idéaux, de faire une politique libérale. François Hollande plaide le contraire.
Non il n'a pas trahi. Pierre Moscovici en 2013, se flattait d'appartenir au gouvernement le plus à gauche d'Europe. En avril 2016, François Hollande avance "nous sommes le gouvernement le plus à gauche du monde exception faite de Maduro" précise t-il.
Nicolas Maduro, président du Venezuela, successeur d'Hugo Chavez qui risque d'être destitué ces jours-ci car son pays est au bord de la ruine. Les députés et les fonctionnaires ne sont plus payés, l'électricité est coupée 4 heures par jour, il y a pénurie des biens de consommations. Comment en est on arrivé là, alors que le Venezuela a des réserves de pétrole plus importantes que l’Arabie Saoudite ? En cause : une gestion dispendieuse, car le pétrole était à 100 dollars le baril. Chavez a distribué à tout va. Tout était gratuit : l'essence, la santé, l'éducation... le nombre de professeurs était multiplié par 5, le prix des denrées alimentaires était réduit de 30 %, on a nationalisé, l'emploi marchand a fondu. On distribuait mais on ne donnait pas de travail. La révolution bolivarienne tant admirée par Jean Luc Mélenchon et les leaders espagnols de Podemos a privilégié le social au détriment de l'économie. Avec la chute du prix du pétrole, et alors que le Venezuela doit importer 80 % de ses produits de consommations, l'Etat ne peut plus payer. L'exemple choisit par François Hollande n'est pas le bon. Heureusement comparaison n'est pas raison.
W.B. : Mais ses déclarations ne font que confirmer un caractère singulier.
Son optimisme semble génétique : "Je me dis qu'il y a forcément une fin heureuse et qu'il faut s'entêter à la chercher". Voilà ce qu'il disait en 2001... il n'a pas changé d'avis.