Catherine Nay met le cap vers l'Amérique en faisant le portrait politique de Donald Trump, milliardaire américain candidat à la primaire chez les républicains, et qui fait la course en tête dans les sondages.
Donald Trump, à 69 ans, pèse 4 milliards de dollars et finance lui-même sa campagne. Il fait le show depuis cinq mois. Grand, costaud, le teint toujours empourpré et la mèche de cheveux roux que l'on dirait postiche, qu'il coiffe en visière, il multiplie les provocations. Tout le monde a cru que c'était un guignol et qu'il n'irait pas loin, mais dans l'électorat américain, sa côte de popularité a explosé. D'abord parce qu'il a du talent, capte la lumière, et sait exploiter la révolte de la classe moyenne, laminée par la mondialisation, dont le revenu médian reste plus bas qu'il n'était avant le crise de 2008.
Quand il faut taper, il cogne. Il se présente comme le candidat anti-système : il n'a pas de parti, pas d'alliés au congrès, il est anti classe dirigeante, anti Washington, anti grands médias. Il moque les politiciens faiblards et incompétents et parmi eux le président qu'il juge naïf et mou, et use à leur endroit de plaisanteries graveleuses et on l'applaudit. La haine d'Obama est un puissant moteur chez les républicains. Mais ses boucs émissaires favoris sont les immigrés, qu'il accuse de venir prendre les emplois aux américains. Il veut renvoyer les 11 millions d'illégaux, pour l'essentiel les latinos, qu'il qualifie de violeurs et d'assassins, veut construire un mur de 3200 kilomètres à la frontière mexicaine et là il joue sur du velours car son électorat craint l'invasion et a peur. Et la colère de la classe moyenne se nourrit d'une inconsolable nostalgie d'une Amérique blanche des années 50, qui n'a peut-être existé que dans les films.
Après les attentats de Paris et de San Bernardino, alors que Barack Obama a appelé à rejeter toute discrimination envers la communauté musulmane, Trump a proposé la fermeture totale des Etats-Unis aux Musulmans, tous animés selon lui d'une haine envers l'Amérique. Il voudrait contrôler internet, demande aux américains de rapporter tout ce qu'ils voient d'anormal, et tant pis s'ils sont accusés de délit de faciès. La Maison Blanche est sortie de sa réserve, pour enjoindre le parti républicain à couper les liens avec cette aboyeur de foire, d'ailleurs le camp démocrate accuse les républicains d'avoir eux-mêmes favorisé ce discours en déclarant les réfugiés syriens persona non grata aux Etats-Unis après les attentats de Paris. Tous les leaders du parti républicain ont réagi, tous disent que Trump n'est pas un candidat acceptable, et partout c'est le tollé, on dénonce cette discrimination.
Cette annonce (la fermeture des Etats-Unis aux musulmans) qui fait scandale peut aussi se lire comme une tentative de garder l'avantage dans les sondages, alors qu'il semble menacé dans l'état stratégique de Iowa, et plus encore une façon de se distinguer de cet Obama détesté. "Quand ça va mal, je vais bien", dit Trump, et la preuve, depuis qu'il a fait ses annonces, Trump est ovationné partout où il se rend, mais tous les experts politiques l'affirment, même s'il gagnait les primaires républicaines, Trump ne sera jamais le président des Etats-Unis.