Catherine Nay revient sur le macronisme, un an après la déclaration d'Emmanuel Macron à la présidentielle.
Bonjour Catherine,
Bonjour Wendy, bonjour à tous.
Il y a juste un an, le 16 novembre, Emmanuel Macron déclarait sa candidature à la présidentielle. Pas question de concourir à la primaire de la gauche. Il ferait cavalier seul. La date n'avait pas été choisie au hasard.
Pourquoi cette accélération du calendrier ? Eh bien, pour peser sur la primaire de la droite, dont le 1er tour avait lieu 5 jours plus tard. Le grand favori s'appelait Alain Juppé. Depuis plusieurs mois, les sondages attestaient qu'il avait toutes ses chances pour l'Elysée. Parmi les déçus de François Hollande, nombreux étaient ceux qui clamaient que le Maire de Bordeaux leur agréait. Certains affirmaient vouloir aller voter pour lui à la primaire, pour écarter Nicolas Sarkozy. En se déclarant candidat, Emmanuel Macron a voulu offrir une alternative à ceux-là : pas la peine d'aller voter dimanche pour Juppé, je suis là ! C'était aussi un clin d'oeil aux électeurs centristes. On connait la suite : c'est François Fillon qui emportait l'épreuve haut la main. Exit Juppé !
Un an plus tard, le monde ancien n'est plus. Le PS a été laminé. La droite cherche à se reconstruire. Pour elle, la voie est étroite. Difficile de s'opposer à un Président qui fait une politique qu'elle ne peut désavouer.
S'opposer ? Mais qui donne le "La" ? En tout cas, pas Nicolas Sarkozy. Emmanuel Macron fait tout pour l'amadouer. Il le consulte au téléphone, l'invite à dîner, à participer aux cérémonies, où l'on voit les deux hommes échanger des sourires appuyés. Nicolas Sarkozy n'a pas découragé Gérald Darmanin, son directeur de campagne, d'entrer au gouvernement. Et Emmanuel Macron demande à ses ministres de droite, Edouard Philippe, Bruno Le Maire, Benjamin Lecornu, d'aller prendre conseil rue de Miromesnil. Nicolas Sarkozy est hautement considéré par l'hôte de l'Elysée. Façon de le neutraliser ? En tout cas, le résultat est là : l'ancien Président s'avouerait bluffé par son successeur. "Macron, c'est moi en mieux", aurait-il dit. Vérification faite, quand même pas. "Faut pas me connaître pour me prêter une telle modestie", ironise-t-il.
Et Alain Juppé ? Il semble complètement retourné ?
Lui ne tarit pas d'éloges sur le Président. "Depuis son élection, l'image de la France a changé. Le pays a recouvré une crédibilité". Il applaudit sa visite en Arabie Saoudite, son discours sur l'Europe. Idéologiquement, il n'y a pas une feuille de papier à cigarette entre ce qu'on a appelé le "juppéisme" et le "macronisme". Le 11 novembre, le Maire de Bordeaux était invité aux cérémonies de l'Arc de Triomphe. C'est la 1ère fois qu'on l'y voyait. Et justement, on a vu : la poignée de mains, le sourire, le regard de connivence. Emmanuel Macron lui faisait l'oeil de Chimène. Il est ravi que Juppé suggère, en vue des élections européennes, la création d'un grand mouvement central, qu'applaudissent François Bayrou et Jean-Christophe Lagarde, de l'UDI. Pour une liste commune bientôt ? "On n'en est pas là", s'agace Alain Juppé. Mais ce qui est déjà clair, c'est sa rupture avec les Républicains. Laurent Wauquiez n'est définitivement pas sa tasse de thé.
Même chose avec François Baroin !
A l'image d'Alain Juppé, dont la défaite à la primaire a sifflé la fin des ambitions nationales, François Baroin tire sa révérence. "J'ai fait mon temps, dit-il, j'ai fait ce que j'ai pu." Alors fini la politique partisane. Bon, il va rester maire de Troyes, conserve la présidence de l'association des maires de France. Il est à ce titre un interlocuteur exigeant. Il a été reçu par Emmanuel Macron, qui le recevra à nouveau. François Baroin ne sait même pas s'il ira voter en décembre pour élire un Wauquiez ou quelqu'un d'autre. A sa manière, il adoube Emmanuel Macron. "On a un très jeune Président, qui a déplacé les lignes. Je souhaite avec lui le succès de mon pays. D'une certaine manière, il est à l'avenir de la droite." Et voilà, le mot est lâché !
Et si c'était lui, Emmanuel Macron, le candidat de la droite à la prochaine présidentielle ?
On n'en est pas là, mais beaucoup chez les Républicains l'envisagent. Notamment chez les anciens députés qui ont décidé de ne pas se représenter. En attendant - c'est sûrement le talent de Macron- les grands fauves républicains d'hier, Sarkozy, Juppé, Baroin, ont limé leurs griffes. On ne les reconnaît plus. Tenez, ne pas oublier : Jean-Louis Borloo qui reprend du service ! Lui, le père de la loi sur la rénovation urbaine, avait été alerté par une vingtaine de maires sur l'urgence d'agir pour la politique de la ville. Il était le seul capable de porter une alerte aussi forte. Il va donc apporter son expertise à Emmanuel Macron ! Il était à ses côtés cette semaine, à Tourcoing !