Catherine Nay revient sur le premier sommet européen auquel a participé Emmanuel Macron vendredi.
Bonjour Catherine,
Bonjour Sébastien, bonjour à tous...
Pour son premier sommet européen, Emmanuel Macron a voulu marquer une rupture avec ses prédécesseurs... L'élément clé de ce story-telling est l'affichage du renouveau du couple franco-allemand...
Rupture avec ses prédécesseurs ? Lors d'une conférence de presse, Emmanuel Macron a lâché cette petite vacherie, où chacun se reconnaîtra : "Il faut sortir du dilemme entre la culture du palabre inefficace (et pan sur Hollande) et celle du coup de menton solitaire (et pan sur Sarkozy)"... Et lui a tout fait pour scénariser la nouvelle entente productive et durable avec la Chancelière, évoquant leur feuille de route commune... "Il faudra dix ans", a-t-il dit... Faut-il comprendre deux quinquennats ?... Emmanuel Macron évoque une nouvelle éthique du travail, parle de symbiose entre les deux rives du Rhin... Car, dit-il, "il n'y a pas de solution pertinente pour l'Europe si la réponse n'est pas d'abord pertinente entre la France et l'Allemagne"... Le coup d'envoi sera donné le 13 juillet avec un conseil des ministres conjoint à Paris, avec un menu pas vraiment light parce qu'on parlera défense européenne, sécurité aux frontières, éducation...
Pour marquer cette symbiose, la Chancelière et le Président ont tenu ensemble une conférence de presse... un affichage que l'on n'avait pas vu depuis la fin du quinquennat Sarkozy, quand on parlait de "Merkozy", parce qu'il n'y a jamais de "MerkHollande"... Désormais, va-t-on dire "MerkMacr"... "Merkron"... ? Les Allemands ont déjà opté M.M's... ce qui est plus agréable à avaler...
Mais la presse allemande décrit Macron en sauveur de l'Europe... A Bruxelles, les 27 voulaient se faire photographier avec lui... Peut-on parler de "Macro-mania" ?
En réalité, c'est que chacun perçoit le "momentum", comme dit Macron, c'est-à-dire l'élan donné par son élection... Souvenez-vous : il y a encore six mois, les perspectives étaient assez dramatiques... Il y avait le Brexit, l'élection de Trump, la montée des populistes aux Pays-Bas, en Autriche... et en France, la crainte de voir élue Marine le Pen... grosse catastrophe... Pour les Européens, Macron est celui qui a fait barrage au FN, marqué un coup fatal aux populistes qui avaient déjà échoué aux Pays-Bas... Alors tout le monde vient toucher le pompon... Et puis, c'est la première fois depuis l'échec du référendum en 2005 qu'une élection présidentielle se joue sur l'Europe... pour ou contre... Souvenez-vous que ses prédécesseurs en faisaient la cause de tous les maux du pays... Mais lui, il a osé... Et puis tous les vieux dirigeants européens sont bluffés par ce Président de 39 ans, qui se fait élire après un an de campagne... quand pour d'autres, c'est l'aboutissement d'une vie... et qui a obtenu, comme ça, une majorité absolue, alors que c'est tellement difficile... Un extra-terrestre en somme... Et puis il y a cette jeunesse, l'optimisme, la détermination...
Angela Merkel, apparemment ravie elle aussi, a évoqué "le nouvel espoir auquel concourent les préparatifs franco-allemand...
Ça, c'est le style oral de la Chancelière !... qui a aussi souligné que les deux capitales n'étaient pas encore d'accord sur tout... suivez son regard... Pour séduire Berlin, la France doit réduire ses déficits, réformer le marché du travail... Les deux tests sur lesquels sera jugé son ami... Message reçu par l'intéressé, qui a répondu : "La voix de la France est importante... Elle peut changer beaucoup de choses... Cela suppose qu'elle soit exemplaire, qu'elle dise clairement ce qu'elle veut faire, et qu'elle fasse ce qu'elle dit."
A Bruxelles, Emmanuel Macron a pu mesurer l'ampleur de la tâche...
Sur les deux sujets qui lui tiennent à cœur, les travailleurs détachés, les contrôles des investissements chinois dans les secteurs stratégiques, il s'est heurté aux premiers ministres polonais, hongrois, tchèque et slovaque... ça ne va pas être simple... "Une Europe qui protège", dit Macron... Eh bien, il voit que l'Allemagne et les Pays-Bas sont prêts à évoluer sur le libre échange intégral qui a fait de l'Europe l'idiote utile de la mondialisation... Bref, les chantiers sont à l'aune de l'espoir, c'est-à-dire immense... Et Macron vient juste d'arriver... Comme le dit Apollinaire, "comme la vie est lente... mais comme l'espérance est violente."...