Marie-Noëlle Lienemann affirme que l'assistanat est une illusion puisque même ceux qui peuvent toucher le RSA ne le demandent pas tous.
Marie-Noëlle Lienemann dans le scanner du "Vrai Faux de l’info".
La candidate à la primaire socialiste, s'est indignée que certains, dans l’opposition, veuillent forcer les allocataires du RSA à des heures de bénévolat. "Je rappelle qu’il y a 40% des gens qui ont droit au RSA, qui ne le demandent pas (…) donc cette idée qu’il y aurait une oisiveté générale, que les gens s’installeraient dans l’assistanat est une erreur", a-t-elle déclaré sur France 3.
40% des gens qui ont droit au RSA ne le demandent pas. C’est vrai ou c’est faux ?
Eh bien, je ne le sais pas… et Madame Lienemann ne le sait pas non plus car le chiffre qu’elle avance est tellement daté qu’il n’a plus de valeur. Il vient d’une enquête réalisée par l’Insee et le ministère de l’emploi peu après la création du RSA, 1 an après en 2010, une enquête conduite par téléphone auprès de 15 000 foyers, pour mesurer en gros l’efficacité du dispositif. On s’est alors aperçu que 36% des gens, c’est vrai, qui auraient pu bénéficier du RSA socle, l’ancien RMI, ne le demandaient pas. Mais à l’époque de l’enquête, il y a bientôt 7 ans, 1 million de foyers touchaient ce RSA, ils sont aujourd’hui 60% de plus, 1,8 million. Combien restent réellement en dehors du dispositif, impossible le savoir, l’enquête n’a jamais été actualisée.
Et c’est ahurissant, parce que ce chiffre sert de base à toutes les politiques engagées depuis lors pour améliorer l’accès aux droits des plus démunis. Rappelez-vous ce plan de lutte contre la pauvreté lancé en 2013 par Jean-Marc Ayrault : les préfets devaient mettre en place un pilotage pour suivre les évolution. Dans les faits, c’est resté lettre morte. Des études, on en a bien financé, mais plutôt pour mesurer la fraude.
Donc on reste aveugles, pour des questions de budget ?
Et cela dit quelque chose sur la volonté réelle de lutter contre la pauvreté. Les réformes ont touché des gens plus insérés, on a fusionné le RSA activité avec la prime pour l’emploi par exemple, pour encourager le retour au travail. Cela marche, mais qui sont ceux qui restent en dehors du système, qui n’ont vraiment rien ? Quelles sont leurs ressources ? Est-ce que ce sont des travailleurs pauvres, des gens qui se débrouillent, jeunes, vieux ? On ne sait pas ! Et quand on ne sait pas, c’est la porte ouverte à tous les fantasmes, sur l’oisiveté, sur l’assistanat, comme le dénonce Marie-Noëlle Lienemann.
C’est surtout de l’impuissance...
Evidemment. On s’est aperçu par exemple, dans le Nord, le seul département qui a recoupé les fichiers, que 45% de bénéficiaires du RSA socle n’était même pas inscrits à Pôle emploi, organisme qui aide ces personnes. Il doit y avoir quelque part quelque chose cloche et il serait intéressant de savoir quoi.