Dominique Bussereau affirme que 10 conseils départementaux n’ont pas pu payer le RSA l’an dernier.
Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info
Dominique Bussereau : "L'État, qui devrait nous verser 100% de ce que nous (les collectivités) donnons au RSA ou à l'APA, nous en verse que 60%", "Moralité : l'année dernière 10 départements n'ont pas payé le RSA"
10 départements n’ont pas payé le RSA l’an dernier, c’est vrai ou c’est faux ?
C’est peut-être un peu exagéré car les allocataires ont toujours reçu leur pension, mais techniquement, c’est vrai. 10 départements en 2015 n’ont pas pu trouver dans leurs caisses l’argent suffisant pour honorer les chèques. Ils ont du réclamer une rallonge de l’État qui n’a pas suffit pour certains.
Dans le Nord par exemple c’est la Caisse d’Allocations Familiales qui a avancé l’argent des derniers versements, il faudra évidemment la rembourser. Une dette supplémentaire qui va peser sur les enfants de l’un des départements déjà les plus pauvres de France. Son président est très clair : "ça va empirer partout. 30 à 40 département seront cette année dans le rouge, étranglés par l’explosion des dépenses".
Le nombre d’allocataires du RSA a flambé de plus de 30% depuis 2009, avec la crise et le chômage. Ils sont aujourd’hui 2,5 millions à recevoir le RSA, ce qui représente chaque année 10 milliards d’euros. Or les dotations de l’État se limitent à six milliards et demi par an et comme les départements les moins riches ont aussi le plus grand nombre d’allocataires, ils ne s’en sortent plus.
Donc en 2016, qu’est-ce qu’on fait ? Il y a une solution ?
Beaucoup ponctionnent leurs autres budgets. On répare moins de collèges ou on entretient moins de routes.
D’autres expérimentent comme Le Nord, par exemple, qui envisage de sanctionner ceux qui ne respecteront pas leur obligation de chercher du travail. Un tiers des allocataires, ne sont pas inscrits à Pôle emploi. Mais c’est surtout une façon de tirer le signal d’alarme, alors que le gouvernement et les départements sont en plein bras de fer.
La rallonge qu’a promise l’État cette année, de 300 millions d’euros, sera insuffisante on le sait déjà. Il faut réformer le système et là il y a deux écoles. Ceux qui tiennent à garder le financement décentralisé, mais avec de vraies dotations parce que quand on a l’argent, on a aussi le pouvoir. Et ceux qui plaident pour une recentralisation du RSA, que l’État reprenne ce qu’il avait délégué aux départements en 2004, et qu’il s’en débrouille.