Arnaud Montebourg affirme que seulement 2% de l'argent de la formation professionnelle bénéficie aux chômeurs.
La déclaration de candidature d’Arnaud Montebourg hier a été longue puisqu’elle a duré 1h30. Dense en propositions, mais pas toujours de la plus extrême précision.
Non il y a eu quelques cafouillages qui relèvent plus, sans doute, d’une volonté de dramatiser pour souligner l’urgence de sa candidature. Et le bien fondé de ses propositions pour convaincre il vaut mieux des chiffres chocs ; celui-ci par exemple.
"Sait-on également que seuls 2% de l’argent de la formation professionnelle bénéficient aux chômeurs ?"
Ce n’est pas vrai ça ?
Non, c’est faux. 14% en réalité de cet argent bénéficie aux demandeurs d’emplois, selon les chiffres de la Dares, direction de l'animation, de la recherche et des statistiques. En fait, Arnaud Montebourg parle de ce que versent les entreprises. Là en effet, 3% vont aux chômeurs, mais elles ne sont pas les seules à payer pour la formation. Il y a aussi l’état, les régions et Pole emploi. Que l’argent soit mal répartie, tout le monde en convient, mais pas dans ces proportions.
Arnaud Montebourg force le trait, pour vendre ses propositions puisqu'il veut que les chômeurs aient tous un an de formation.
L’ennui, c’est que ça peut parfois fausser toute la réflexion. Sur le chômage, par exemple :
Huit années après le début de la crise, l’investissement dans la zone euro est aujourd’hui de 12% en-dessous de son niveau avant la crise. La zone euro a fabriqué 5,5 millions de chômeurs supplémentaires.
5,5 millions, c’est beaucoup.
Et c’est faux : le chiffre qu’avance Monsieur Montebourg, date en fait de 2013, au pire des conséquences de la crise : à ce moment-là, oui, la zone euro avait perdu 5,5 millions d’emplois.
Mais d'abord, elle n’était pas la seule, les États-Unis en ont perdu huit. Et surtout nous sommes en 2016, ça n'a plus rien à voir. En juin de cette année, étabit Eurostat, le taux de chômage était retombé à 10,1% dans la zone euro soit le taux le plus faible depuis juillet 2011.
On comptait 16,269 millions de chômeurs : c’est trois millions de moins qu’au printemps 2013. Vous le voyez, le chiffre qu'il lance prête à confusion. D'autant plus qu'en généralisant, il élude des différences intéressantes : tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne ! On a créé plus d’emplois en Allemagne ou en Espagne qu’en France, c’est évident. Pourquoi ? On aimerait savoir ce qu'en pense Arnaud Montebourg, mais il ne s'est pas, hier, posé la question.