Nicolas Sarkozy affirme que la fin de la défiscalisation des heures supplémentaires a fait perdre 250 euros par mois aux ouvriers.
Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info
Le Vrai Faux de l’Info avec Nicolas Sarkozy qui était notre invité hier matin. L’ancien président, qui veut incarner l’opposition à son successeur François Hollande, l’accuse d’avoir éreinté le pouvoir d’achat des français.
Nicolas Sarkozy : "Nous, c’est la France silencieuse. Ce sont ces ouvriers qui se demandent encore pourquoi on a supprimé les heures supplémentaires défiscalisées : mais qu'est-ce qu'ils avaient fait ces pauvres ouvriers pour qu'on leur retire 250€ par mois ?"
La fin de la défiscalisation des heures supplémentaires a fait perdre 250 euros par mois aux ouvriers, c’est vrai ou c’est faux ?
C’est faux, la suppression de ce dispositif phare du quinquennat de Sarkozy a certes fait perdre de l’argent aux salariés, ça c’est indéniable, mais pas du tout dans ces proportions. Un rapport bi-partisan de l’Assemblée l’a d’ailleurs prouvé en 2011. Ce rapport précise que la défiscalisation des heures supplémentaires a largement touché les salariés, c’est vrai, plus de neuf millions en ont déclaré, dans le privé, comme dans le public. Mais les gains réalisés sont restés plus modestes avec 42 euros par mois en moyenne, une moyenne établie par Bercy, sur la base de quatre heures supplémentaires par semaine. 42 euros, on est loin des 250 euros même si cette moyenne cache des disparités. Certains ont moins gagné parce qu’ils n’étaient pas imposables tout simplement, ils n’ont donc pas bénéficié du volet fiscal de la mesure. Cela représentait quand même, en 2010, près de trois millions de salariés. Ceux qui ont le plus perdu sont en fait les classes moyennes, entre 100 et 180 euros par mois pour un célibataire à 3.000 euros bruts de salaire. Ça reste très important, c’est pour cela que la suppression brutale du dispositif par François Hollande, assortie de hausses d’impôts, a laissé un goût si amer.
Donc l'effet était bel et bien positif sur le pouvoir d’achat ?
Incontestablement. Le "gagner plus" promis dans sa campagne a été tenu. Pour le travailler plus, c’est moins net et c’est pour ça que dispositif reste très contesté. Des heures supplémentaires, les salariés en faisaient avant et l’Acoss (l’agence centrale des organismes de sécurité sociale) a calculé que leur volume n’a augmenté que de 11% pendant les années ou la défiscalisation était en place simplement parce que, dès 2008 la crise était là, il y avait donc moins d’activité. Et la mesure a coûté très cher à l’État, 4,5 milliard par an en rythme de croisière, payés par des gens qui ne pouvaient pas en bénéficier, les travailleurs indépendants, les libéraux ou encore les inactifs. Bref, une mesure à court terme très intéressante pour le pouvoir d’achat, mais pas forcément bien pensée sur le plan économique.