Maurice Levy affirme que la France est le pays qui crée le plus de start-up en Europe.
Vrai-Faux : les aléas de la "start-up Nation".
Les grands patrons de la Tech mondiale ont été reçus cette semaine à l’Élysée, avant de rejoindre le salon Vivatech, inauguré par Emmanuel Macron. La start-up mania tourne à plein, se réjouit Maurice Levy, patron de Publicis et co-fondateur du salon.
"La France est aujourd'hui le pays qui crée le plus de start-up dans l’Europe".
La France est le pays qui crée le plus de start-up en Europe. Vrai ou Faux ?
Elle est en tout cas la première en Europe (d'après les statistiques dont on dispose et qui sont incomplètes), en nombre de "tours d’amorçage", c’est à dire en nombre de start-ups qui lèvent leurs premiers fonds. Cela montre à quel point le secteur est dynamique, et surtout combien il est facile maintenant de se lancer en France : on n'a pas besoin de gros montants, les financements sont accessibles au démarrage, et ils affluent : l’an dernier nos start-up ont levé, en tout, un montant record : 2,6 milliards d’euros. C’est plus que ce qu’ont pu capter les start-ups allemandes, et même britanniques pour la première fois. Donc Cocorico, c’est un grand succès.
Sauf que ! En agitant ces chiffres, on ne dévoile qu’une partie du tableau. Car le nombre ne fait pas la qualité. Or si l’on crée beaucoup de start-up, la plupart ne survivront pas, et celles qui réussissent restent loin d’être des fers de lance : la France ne compte que 3 licornes (ces entreprises valorisées plus d’un milliard de dollars). La Grande-Bretagne, elle, en recense 22, et la Suède ou l’Allemagne sept chacune. Un autre classement est assez parlant : sur les 1.000 start-up les plus dynamiques en Europe recensées par le Financial Times, 200 sont françaises (c’est une très belle performance), mais elles sont sous-dimensionnées par rapport aux autres. Leur chiffre d’affaire atteint 8,4 millions en moyenne, contre 14 millions pour les start-ups allemandes, et plus de 44 millions pour les Britanniques. Même les stars-espagnoles font mieux (12 millions). Nos entreprises font "start", mais pas "up" : elles n’arrivent pas à changer de dimensions.
Pour quelles raisons ?
Il y a des raisons culturelles, de maturité de nos entrepreneurs : ils déposent moins de brevets que les autres, revendent trop tôt… Mais il reste quand même un problème de gros sous, qu’éclaire bien l’organisme France Invest dans ses rapports : la France n'a pas la culture du risque, il n’y a pas de fonds de pensions… Du coup l'État compense, il reste un acteur essentiel au démarrage en arrosant les jeunes pousses d'argent public. 17% de tous les montants levés en France viennent de vos impôts. Donc pour démarrer, c’est parfait. Sauf que l’État ne peut pas tout, et dès qu’il s’agit de lever des sommes importantes (au-delà de 30, 50 millions), on atteint un palier. Nos investisseurs restent trop frileux. Une seule levée de fonds a dépassé, l’an dernier, 30 millions d’euros. Il y a des raisons de s'inquiéter, car si nos start-up n'arrivent pas à s'étendre, les grands rêves de nos dirigeants risquent de s’effondrer. Les jeunes pousses ont créé 11.000 emplois nets en 2017, alors que le potentiel est plus important. Pour le "libérer", il faut investir. La Grande-Bretagne le fait quatre fois plus, et elle compte, par exemple, déjà 120 entreprises dans le secteur de l'intelligence artificielle, contre seulement 39 en France. Un retard qu’il devient urgent de rattraper.