Le français est-il la seconde langue la plus parlée dans la Silicon Valley ?

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Benjamin Griveaux affirme que le français est la seconde langue la plus parlée dans la Silicon Valley.

Vrai-Faux : les ambitions mondiales de la Startup Nation.

Emmanuel Macron l’a annoncé cette semaine : il veut supprimer l’Exit Tax, qui frappait les plus-values potentielles d’entrepreneurs souhaitant quitter la France.  Cette taxe rapporte peu (70 millions d’euros depuis sa création), et elle envoie un signal désastreux aux créateurs français, selon le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. Ils se seraient rués en masse vers la Silicon Valley.

"Vous savez que le Français, c’est la 2e langue la plus parlée de la silicon valley ? J’aurais préféré que leurs entreprises, ils les créent en France."

Le Français est la deuxième langue la plus parlée dans la Silicon Valley. Vrai ou Faux ?

C’est faux, même si on aime se le raconter. Les données du bureau du recensement américain, comme celles des instituts d’étude locaux, sont claires : sur 3 millions d’habitants qui vivent dans cette petite zone de la baie de San Francisco, où se concentrent les fleurons de la Tech, près d’1,2 million sont nés à l’étranger, mais parmi eux seulement 60 000 Français. Et tous ne travaillent pas, loin de là, dans LE secteur mythique : les entreprises high tech y emploient 408 000 personnes, dont 57% sont nées à l’étranger, mais elles viennent d’Inde, de Chine, du Vietnam, d’Amérique latine… Les Français y occupent 8000 à 10 000 emplois, selon la Commission Européenne, soit 2% du total. Cela correspond au nombre de visas que les États-Unis accordent aux travailleurs très qualifiés, les visas H1B : les français en ont obtenu 28 000 en tout, pour tous les Etats-Unis, ces 10 dernières années.

Donc NON, le Français n’est pas la deuxième langue la plus parlée dans la Silicon Valley. On compte d’ailleurs, en Californie, d’avantages d’entreprises détenues par des Japonais, des Britanniques, des Allemands, et même des Suisses. Que par des Français.

Sait-on combien de Français sont partis y créer leur entreprise ?

Oui. 316 startups françaises, exactement, sont présentes aujourd'hui dans la Silicon Valley, sur un total de 11500 entreprises. C’est important quand même, quand on songe que la France ne recense sur son territoire que 10 000 startups. Cependant, elles ne sont PAS parties pour fuir l'Exit Tax (aucun créateur ne le dit), mais pour trouver un marché à leur dimension, et des financements. Car le problème majeur en France, où les aides pour les jeunes pousses sont pléthoriques, reste de lever des fonds. A Paris, une startup qui se lance peut espérer lever 220 000 euros de fonds d’amorçage. C’est trois fois moins que dans la Silicon Valley, et deux fois moins qu'en Allemagne. On en connaît les causes : la fiscalité reste lourde pour les investisseurs, y compris avec les réformes du gouvernement. Du coup l’État compense, à coup de subventions : il investit. Notre gouvernement injecte trois fois plus que le gouvernement britannique dans le capital-risque, ce qui n’incite pas nos startups à rechercher des financements privés. Les États-Unis font l’inverse : peu de subventions, mais après, quand l’entreprise a trouvé son marché. Des commandes publiques.