Le Professeur Olivier Saint Jean affirme que le nombre de nouveaux malades d’Alzheimer a baissé de 25% depuis 25 ans.
Vrai-Faux : les raisons d’espérer face à Alzheimer.
Alors que les familles s’inquiètent du déremboursement des médicaments que vient de décider la ministre de la Santé, les chercheurs voient des raisons d’espérer. Le nombre de nouveaux patients atteints de démence serait en baisse, selon le Professeur Olivier Saint Jean, chef du service de gériatrie à l'hôpital Européen George Pompidou.
"Notre mode de vie nous protège d’Alzheimer. Aujourd’hui, il y a 25% d’Alzheimer en moins à un âge donné qu’il y a 25 ans".
Le nombre de nouveaux malades d’Alzheimer a baissé de 25%. Vrai ou Faux ?
C'est vrai. Même s’il ne s’agit que d’estimations, les données sont suffisamment solides maintenant, pour qu’on puisse l’affirmer : Alzheimer, et les maladies qui y sont associées, les démences, reculent dans les pays occidentaux. Alors attention. Il ne faut pas confondre avec la « prévalence » de la maladie : le nombre de patients, lui, continue d’augmenter, parce qu'on vit plus longtemps. Mais l’ « incidence », c'est à dire la proportion d’une classe d’âge qui va développer ces symptômes, se réduit : on constate 20 à 25% d’Alzheimer en moins chez les gens qui ont aujourd'hui 85 ans, que chez ceux qui avaient le même âge dans les années 1990.
Et cette tendance, on l’observe dans plusieurs pays. Aux États-Unis, le taux de personnes atteintes parmi les habitants d’une petite ville est passé de 3,6% à seulement 2% en 40 ans. D’autres cohortes révèlent le même phénomène : en Suède, au Danemark, en Grande-Bretagne, en Espagne… Et en France : une étude très récente auprès d’agriculteurs montre une baisse importante, sur 20 ans, du nombre de déficits cognitifs. Alors évidemment, tous les résultats ne sont pas homogènes, et on ne sait pas vraiment dire si cette baisse vient de ce que la maladie disparaît, ou si son apparition est simplement repoussée dans le temps. Il faut noter enfin que ce déclin est propre à nos sociétés occidentales : on ne l’a pas observé, par exemple, au Japon ou dans des pays d’Afrique.
Est-ce qu’on connait les causes de ce déclin ?
Il y a plusieurs pistes. D'abord, notre état de santé général s’est beaucoup amélioré, l’espérance de vie a augmenté de 10 ans, notre alimentation est meilleure… Mais on remarque aussi est une corrélation forte avec le niveau d’étude. Plus le les gens sont diplômés, moins ils développent d’Alzheimer. Or 55% des Français nés entre 1962 et 1986, selon l'Insee, SONT diplômés du supérieur, quand ils n'étaient que 33% dans les années 1940. On soupçonne qu’en présence de lésions cérébrales, le cerveau serait capable de s'adapter, pour maintenir les performances intellectuelles du patient. Et cela ouvre un champ de possibles.
D’abord, il faudrait revoir nos projections de personnes atteintes d’Alzheimer d’ici 2050. On pensait que ce nombre triplerait mais, ce pourrait ne pas être le cas. Ensuite, il faut étudier les effets de thérapies comportementales et cognitives. C’est ce qu’on fait en Finlande, en ce moment, avec des personnes à risque, y compris génétique, de développer Alzheimer. Les premiers résultats indiquent que celles qui sont activement coachées, avec stimulation physique, intellectuelle, des conseils diététiques, une vie sociale tendent à retarder l’apparition de symptômes. Ce sont des pistes prometteuses, alors que la recherche sur les médicaments n'avance pas. Et cela explique la position actuelle du gouvernement, qui s'apprête à dérembourser ceux qui sont prescrits. La Haute Autorité de la Santé a établi qu'ils ont prouvé, au mieux, un effet très modeste, et entraînent des effets secondaires importants. L’idée, c’est de récupérer l’argent (90 millions d’euros remboursés chaque année), pour développer ces nouvelles approches, renforcer et former, surtout, le personnel des maisons de retraites au contact des patients.