Mgr Ribadeau-Dumas affirme que l’Église n’a pas donné de consignes de vote depuis des années.
Le vrai-faux de l’Info avec Monseigneur Olivier Ribadeau-Dumas, invité hier sur notre antenne.
Le porte-parole de la conférence des Évêques de France a livré son avis sur l’avortement, condamné par l’Église. Mais il s’est aussi défendu, après la victoire de François Fillon à la primaire de la droite, de toute ingérence politique.
Monseigneur Olivier Ribadeau-Dumas : "L'Église n'a jamais donné de consigne de vote depuis des années et des années"
L’Église ne donne plus de consignes de vote depuis des années, c’est vrai ou c’est faux ?
C’est vrai. Une neutralité qui trouve ses origines aux 19e siècle, quand le pape Léon 13 appelle les Catholiques de France à accepter la République. Elle sera gravée dans le marbre des années plus tard en 1972. Cette année-là, dans le sillage du concile Vatican II qui reconnaît aux catholiques la liberté de conscience, les Évêques de France reconnaissent officiellement le pluralisme politique au sein de l’Église. Et le texte qu’ils adoptent est très clair, ils ne donneront plus de consignes. Alors évidemment, cela ne sera pas toujours respecté car on se souvient de l’appel de ce prêtre du couvent des dominicains à Paris à voter Mitterrand en 1974. Il avait dit : "je veux ce soir, des roses et du pain". D’autres peuvent envoyer des messages subliminaux à leurs ouailles, cela existe toujours, cela reste marginal.
Donc plus de consignes de vote. Mais est-ce qu’il reste des influences ?
Évidemment. Jusque dans les années 60, l’Église en lutte frontale contre la gauche laïque, appelle clairement à faire barrage aux marxistes. Cela change en 1968 quand elle s’oriente vers l’ouverture au monde et la lutte contre la pauvreté. La jeunesse et les élites catholiques virent à gauche autour de figures comme Jacques Delors.
Dans les années 90 également, de nombreux évêques prennent clairement position contre le Front national qui tente de récupérer leurs valeurs. Le racisme de Jean-Marie le Pen est jugé contraire à l’évangile, violemment rejeté, et même si ces critiques ont cessé depuis le mouvement de normalisation entamé par Marine Le Pen, il en reste tout de même quelque chose. Les catholiques pratiquants votent toujours un peu moins Front national que la moyenne des français.
Aujourd’hui, pas de consigne de vote, mais des influences, toujours. Les Évêques de France ont d’ailleurs publié en octobre une liste de critères pour aider les électeurs catholiques à choisir. Le texte rappelle les traditions "d’accueil et d’intégration de cultures différentes" du christianisme, certains y ont vu un appel au vote Alain Juppé.