Pourquoi les Allemands produisent-ils du lait à des prix plus bas ?

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François Fillon affirme que les Allemands produisent du lait à des prix plus bas que nous parce qu’ils ont moins de charges et moins de dépense publique.

Géraldine Woessner pour le Vrai faux

François Fillon veut remettre l’économie au cœur de la campagne des primaires, il s’y est attelé hier en livrant son analyse, sur BFM TV, de la crise laitière.

"La France doit faire un effort en baissant ses charges. Les Allemands produisent du lait à des prix beaucoup plus bas que nous. Pourquoi ? Ils sont moins de charges, moins de dépense publique"

Les Allemands produisent du lait à des prix plus bas que nous, à cause des charges, est-ce que c’est vrai ?

Non, les allemands ne produisent pas leur lait à des prix inférieurs, au contraire : Les coûts de production, sont sensiblement les mêmes depuis plusieurs années dans les deux pays, 450 euros la tonne, un chiffre incluant le foncier, les revenus du capital et le salaire de l’agriculteur. Selon les études les plus fiables qui se basent sur le réseau d’informations comptables agricoles, ce coût est même plus élevé en ce moment outre-rhin à 456 euros la tonne. Alors évidemment, il y a de fortes disparités régionales mais les Allemands souffrent tout autant que les Français. L’an dernier, 3.500 exploitations ont dû, outre-rhin, mettre la clé sous la porte.

Donc le problème des producteurs n’a rien à voir avec les charges ?

En effet. Tout simplement parce qu'il y a très peu de salaires dans la production de lait. On parle d’exploitations familiales avec 9% seulement de la main d’œuvre est salariée en France dans les exploitations contre 20 à 25 % en Allemagne. Pas de salariés, pas de charges, donc ce qui pèse sur les coûts, ce sont d’autres éléments, comme l’alimentation ou par exemple, le fourrage.

Alors d’où vient cette perception que les Allemand s’en sortent mieux ?

C’est vrai qu’ils vendent leur lait moins cher, et qu’ils sont plus solides parce qu’ils ont su se diversifier et générer des compléments de revenus, en produisant du biogaz par exemple, obtenu par la fermentation des déchets agricoles. L’Allemagne est très en pointe, et leader sur ce marché. Mais là où la vraie différence se fait, c’est dans les étapes suivantes, la transformation du lait. C’est sans doute la confusion qu’a faite monsieur Fillon : sa filière est plus efficace avec moins de personnel, meilleur marché…