Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.
Axel de Tarlé, expert économie
Le Bio ne cesse de gagner du terrain en France et la hausse s'accélère.
Pour les éleveurs, c'est surtout une façon d'échapper à la crise (crise du lait, de la viande bovine ou des céréales).
Les ventes de produit Bio ont augmenté de 20 % sur les six premiers mois de l'année selon les Chiffres de l'agence Bio.
Il y a une vraie demande des consommateurs pour des fruits et légumes sans pesticides et pour des bêtes élevées en plein air, sans antibiotique.
Même si ça reste une "niche", le marché est tout petit.
De moins en moins. Le Bio représente désormais 7% des exploitations agricoles du pays.
Mais, surtout, les ventes progressent énormément, au point qu'on est d'ailleurs obligé d'importer, ce qui est tout de même rageant. Deux français sur trois disent consommer du Bio régulièrement, au moins une fois par mois. On n'est donc plus dans l'anecdotique
D'ailleurs, contrairement à ce qu'on pourrait croire, c'est grâce aux grandes surfaces qui représentent près de la moitié des ventes bio (44 %), devant les chaines spécialisées. Les ventes s'accélèrent donc de 18% pour les grandes surfaces, cette année, alors que c'était plus 11% l'an dernier.
Pour les éleveurs, c'est une aubaine car quand vous êtes dans le Bio, le grand avantage, c'est que vous échappez aux cours mondiaux. C'est vous qui fixez les prix. Exemple : le lait bio peut être vendu 45 centimes le litre et les gens acceptent de payer plus cher. Alors, qu'avec le lait standard, on vous impose un prix de 25 centimes le litre.
Le résultat est qu'il y a des conversions massives notamment parce qu'il faut un peu de temps pour se mettre aux normes bio. On estime que d'ici deux ans, la collecte du lait bio devrait ainsi augmenter de 30 %.
Même phénomène, pour les céréales. Si vous êtes dans le bio, vous échappez aux yoyo des cours mondiaux qui sont très bas, cette année, pour le blé.
C'est donc une double dynamique avec une forte demande des consommateurs et une offre qui progresse, pour le monde agricole, c'est souvent une question de survie.
Sophie Larmoyer, experte internationale
"Faites des bébés !", ce pourrait être le slogan du jour en Italie car là-bas aujourd’hui, on célèbre la première "journée de la fertilité". Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le gouvernement italien a bien raté son opération de communication ces dernières semaines.
Il n’y avait pas grand-chose à sauver, dans cette campagne qui a commencé à la fin de l’été. Ni les tweets, ni le "Fertility game", un jeu interactif où il faut guider les spermatozoïdes vers l’ovule en évitant microbes, cigarettes et verres de bière et les affiches avec des slogans comme "la fertilité est un bien commun", ou encore "La beauté n’a pas d’âge, la fertilité, si !", et la fille sur la photo tient dans sa main un sablier symbolisant son horloge biologique.
Une campagne jugée sexiste, paternaliste et maladroite. Certains y ont même vu une version couleur de "la bataille des naissances" de l’Italie fasciste de 1927. En tout cas, c’est compliqué de fonder un foyer quand près de 38% des jeunes sont au chômage, qu’il existe très peu d’aides sociales et très peu de crèches. Une "contre-campagne" a fleuri sur les réseaux sociaux, avec des slogans comme "Un enfant, c’est à durée indéterminée. Mon travail, lui, ne l’est pas".
La campagne a été retirée mais on peut dire que c’est une mauvaise campagne pour une bonne cause ?
Oui, ou en tous cas pour pointer un problème bien réel. C’est simple, l’Italie a un taux de natalité parmi les plus faibles du monde avec seulement 1,37 enfants par femme. "L’Italie est un pays mourant" a dit la ministre de la Santé, c’est le pays le plus âgé du monde après le Japon.
C’est donc un problème criant en Italie mais qui concerne en fait toute l’Europe ?
Absolument, Eurostat (l’office européen de la statistique) a livré cet été les chiffres de natalité concernant 2015. Pour la première fois depuis la création de l’Union européenne, le nombre de naissances est passé en dessous du nombre de décès. C’est ce qu’on appelle le "baby bust".
Ça n’est pas le cas en France, où on reste vice-champions des naissances derrière l’Irlande, avec 2,01 enfants par femme. Sans doute grâce aux politiques familiales en place mais pas seulement. Les démographes expliquent que finalement, les aides jouent à la marge, pour moins de 10% des naissances. Ce sont les mentalités qui pèsent le plus, la culture. Ici en France, on trouve bien de sociabiliser un enfant à deux ou trois ans, voire même plus tôt en crèche. En Allemagne par exemple, ça commence à changer mais jusqu’ici une femme qui mettait trop tôt son enfant en garde était appelée une "mère corbeau".
Alors ces changements-là prennent beaucoup de temps. Les meilleures affiches du monde n’y feront rien et finalement, l’envie de faire ou non des enfants garde sa part de mystère.
Lalgré ce solde naturel négatif, inédit en Europe, la population européenne continue d’augmenter grâce aux migrations qui comblent le déficit de naissances.
Géraldine Woessner, pour le Vrai faux de l'info
Dans le radar du Vrai faux de l’info, le maire socialiste de Lyon, Gérard Collomb, un proche d’Emmanuel Macron. Interrogé hier par nos confrères de radio classique sur le faible nombre de reconduite à la frontière des déboutés du droit d’asile, le gouvernement, pour lui, n’est pas en cause, ce sont les tribunaux.
Gérard Collomb : "Si vous regardez aujourd'hui les tribunaux administratifs, 60% de leur action est fait par le droit des étrangers"
Le droit des étrangers représenterait 60% de l’action des tribunaux administratifs, c’est vrai ou c’est faux ?
C’est faux. Selon le Conseil d’État, qui recense l’activité des 42 tribunaux administratifs, le droit relatif aux étrangers ne représente que 30% de leur travail. C’est beaucoup, mais nettement moins que ce que prétend Gérard Collomb. C’est beaucoup parce que le tribunal administratif, ou ses cours d’appel, sont les instances devant lesquelles un étranger va contester les décisions le concernant prises par les préfectures comme une reconduite à la frontière, une obligation de quitter le territoire mais aussi refus de titre de séjour ou de regroupement familial. L’asile lui est géré par une instance dédiée, la cour nationale du droit d’Asile, ce n’est donc pas ça qui engorge les tribunaux.
Donc l’engorgement n’est pas uniquement dû aux étrangers ?
Pas seulement, non. Même si les contentieux qui les concernent ont beaucoup augmenté, à partir de 2013 du fait de l’afflux de migrants. C’est le cas d’ailleurs à Lyon, la ville de monsieur Collomb. Là-bas, le nombre de requêtes concernant les étrangers a presque doublé depuis 2011. Elles représentent désormais 40% de l’activité mais dans le même temps, les contentieux sociaux eux aussi ont explosé avec le recours sur le RSA ou l’aide aux logement à cause de la crise. Pour régler le problème, on vient de créer une nouvelle chambre dédiée aux étrangers et le nombre de recours, c’est important de le noter, est en forte baisse depuis le début de l’année. Tout simplement parce que la police fait son travail aux frontières.
Concernant le lien que fait Gérard Collomb entre les recours et le nombre d’expulsions vraiment effectuée, il existe, mais il est ténu. Environ 70% des requêtes enregistrées sont rejetées par le tribunal, les décisions peuvent être suspendues en l’attente d’un jugement et cela n’empêche pas qu’elles soient ensuite exécutées.