Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.
Axel de Tarlé, expert économie
Bonne nouvelle sur le front de l'emploi. Selon une note du Trésor, la prime à l'embauche "PME" devrait permettre de créer, cette année, 60.000 emplois. C'est plus que ce qui était prévu !
L'Insee tablait sur 40.000 créations d'emplois mais maintenant, on parle de 60.000. C’est la preuve que le coût du travail et les charges sont un véritable problème puisqu'avec cette prime qui existe depuis le début de l'année, le patron d'une PME qui embauche va récupérer 2.000 euros par an.
Cela représente une économie de 11 % pour lui au niveau du smic.
D'ailleurs, maintenant en cumulant différentes aides au niveau du smic, un patron ne paye quasiment plus de charges maintenant, ce qui devient aberrant.
Mais, justement, on atteint là, les limites du système car ces aides coûtent cher pour l'Etat (la prime PME coûte deux milliards par an et qu’elles deviennent illisibles pour les patrons à cause de leur nombre.
A l'embauche, il existe pas moins de six dispositifs d'aides : Prime PME, emplois d'avenir, contrat de génération, Contrat Unique d'Insertion, contrat Unique d'insertion Starter, et aide à l'insertion profesionnelle.
A chaque fois, il faut constituer un dossier. (par exemple, la prime à l'embauche est uniquement réservée aux salariés payés moins de 1,3 smic, pour les embauches d'au moins six mois et uniquement si vous avez moins de 250 salariés. Et puis, c'est une aide qui s'éteint au bout de deux).
Selon Croissance Plus, Du coup, la moitié des patrons de PME renoncent à utiliser ces dispositifs. Trop compliqué.
On rêve d'un grand coup de balais, que faudrait-il faire ?
On supprime ces aides. Et à la place, on fait quelque chose de simple : on baisse les charges de façon claire et définitive.
Et là, vous créer un choc de confiance, bien plus efficace que tous ces dispositifs qui s'entremêlent.
Sophie Larmoyer, experte internationale
Coup de projecteur sur la Syrie. Le chef des opérations humanitaires de l’ONU était hier devant les ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil de sécurité pour tirer la sonnette d’alarme sur la situation d’Alep, la seconde ville de Syrie. "Nous risquons d’assister, dit Stephen O’Brien, à une catastrophe humanitaire sans précédent dans les cinq années de carnage" qu’a connue la Syrie.
Stephen O’Brien parle de "carnage sans pitié" et de "comble de l’horreur" à Alep, en particulier dans les quartiers Est de la ville. 275.000 personnes y sont coincées, encerclées et pilonnées tous les jours par les avions russes et ceux de Bachar el Assad.
Dans ces conditions, impossible de faire parvenir une aide humanitaire, et les civils ont besoin de tout, d’autant que les infrastructures d’approvisionnement en eau ont été détruites dans les combats. Face à cette situation le patron des opérations humanitaires de l’Onu dit : "Nous sommes prêts !". 50 camions de vivres et de médicaments ont été pré-positionnés dans l’ouest d’Alep. 20 camions sont également prêts à prendre la route depuis la Turquie en deux à trois jours, l’aide peut arriver à la population bloquée.
Mais pour ça, il faut que les combats s’arrêtent. Complètement. Une trêve d’au moins 48 heure avec des garanties de sécurité claires de la part de tous. Le chef de l’humanitaire de l’Onu demande donc aux membres du Conseil de sécurité de se mobiliser pour favoriser cette trêve.
Ce Stephen O’Brien était très en colère face aux ambassadeurs.
Oui parce qu’il a passé tout l’été à alerter et à réclamer cette trêve humanitaire, dès le mois de juillet et à nouveau début août.
La Russie répond "d’accord", mais le 10 août elle propose de suspendre les combats entre 10h et 13h, trois heures de trêve seulement, ça n’a pas de sens. Alors désormais c’est mieux, on parle de 48 heures, mais toujours sans garantie de sécurité.
Et cette bataille d’Alep est devenue le symbole de l’impuissance occidentale. Dans une lettre ouverte à Barak Obama, 15 médecins syriens situés dans les quartiers assiégés lui demandaient d’intervenir pour que soit ouverte une voie d’approvisionnement permanente "Nous n’avons besoin ni de larmes, ni de sympathie, ni même de prières, écrivaient-ils, prouvez seulement que vous êtes des amis des Syriens".
La semaine dernière, la photo d’Omran, ce petit garçon blessé dans le bombardement de sa maison et dont le frère n’a pas survécu, a un peu réveillé les consciences.
Oui, même si elle n’a rien changé sur le terrain. Cette image forte est venue rappeler à la communauté internationale qu’au milieu du bras de fer entre d’un côté le régime de Bachar el-Assad et ses alliés russe et iranien, et de l’autre les insurgés islamistes locaux. Dans les ruines de la ville, il y a des civils qui trinquent.
Alep est devenue l’épicentre et l’enjeu d’un conflit qui dure, on peut le rappeler, depuis près de cinq ans et demi et dont on estime qu’il a fait quelque 290.000 morts et sept millions de réfugiés.
Et puis ce cessez-le-feu c’est aussi la première condition, indispensable, pour que les négociations politiques aient une petite chance de reprendre.