Chaque matin, Roland Pérez évoque une question de droit en rapport avec l'actualité dans Europe 1 Bonjour.
Une escroquerie qui ressemble plus à un scénario de film qu’à une arnaque réelle.
Comment croire qu’un détenu, en prison depuis plusieurs années pour escroqueries, parvienne de sa cellule à arnaquer une cinquantaine de victimes, récoltant au passage un butin de plus de 800.000 euros ?
L’affaire relance la discussion de l’accès au téléphone, fixe ou portable, pour les détenus ?
Absolument puisqu’il est question d’un détenu, dans une prison française depuis plusieurs années. En utilisant divers portables qu’il s’est procuré illégalement, il chassait ses victimes, choisies de préférence parmi les retraités. Se faisant passer pour un enquêteur de police ou même un magistrat chargé de les secourir dans le prétendu vol de leurs données bancaires qu’il réussissait à se procurer après plusieurs appels téléphoniques destinés à inspirer confiance aux victimes.
Les téléphones portables sont-ils toujours interdits en prison ?
La détention et l’utilisation de téléphone portable est interdite. Les détenus peuvent juste utiliser les cabines installées en maison d’arrêt et appeler gratuitement certaines associations d’entraides ou de réinsertions. Ils peuvent également, à leurs frais, appeler leurs famille, leurs proches et évidemment leur avocat.
Les conversations téléphoniques passées de la cabine de la prison sont-elles systématiquement sous écoutes ?
Elles peuvent l’être de la même manière qu’elles peuvent être enregistrées ou interrompues par le personnel de surveillance, hormis les conversations avec leur avocats.
Qu’en est-il du projet de la garde des sceaux de voir autoriser l’accès libre au téléphone pour tous les détenus sauf exceptions ?
Au départ, Nicole Belloubet estimait qu’il convenait de donner aux détenus des moyens de communications et qu’il n’y avait rien d’absurde à envisager la distribution de portables certes "bridés" pour finalement faire marche arrière, évoquant plutôt des lignes fixes en cellules. Il faut dire que le débat reste d’actualité car l’an dernier 33 520 mobiles ont été saisis en prison et sans compter celui de l’affaire évoquée ce vendredi, alors que l’état dépense des sommes folles pour installer des brouilleurs.
Des brouilleurs qui n’ont visiblement pas fonctionné pour le détenu qui a réussi à arnaquer plus de 50 retraités ?
Il faut vous dire que c’est plutôt lui qui a brouillé les pistes en utilisant quatre portables et six cartes sim et en recourant à plusieurs complices à l’extérieur un peu partout en France.
Il utilisait ainsi les données bancaires des victimes sur des sites de Paris en ligne, envoyant parfois ses complices pour récupérer des chèques et même des pièces d’or.
Compte tenu de cette nouvelle infraction qui va lui valoir de rester encore une plus longtemps en prison, rien ne dit qu’il ne va pas recommencer tant il semble facile pour un détenu de se procurer un portable.