Les derniers jours de Romy Schneider : jusqu’où a-t-on le droit de s’arranger avec la vérité quand il s’agit de personnalités publiques ?

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Chaque matin, Roland Pérez évoque une question de droit en rapport avec l'actualité dans Europe 1 Bonjour.

On s’intéresse à un film autour de l’actrice Romy scheider qui sortira en France le 13 juin prochain et dont le propos insupporte la fille de l’actrice ,Sarah Biasini. Pourquoi et surtout, que peut-elle faite juridiquement ?

Sarah Biasini se dit scandalisée par les insinuations mensongères que véhiculerait ce film déjà sorti en Allemagne, "Trois jours à Quiberon" revient sur le dernier séjour de remise en forme de l’actrice dans cette station de thalassothérapie. Un séjour durant lequel elle a consenti à une interview à un journaliste qui est la toile de fond du film, puisqu’il laisse entrevoir que l’actrice était dépendante à l’alcool et aux médicaments. Une vision tronquée et attentatoire à l’image et la personnalité de l’actrice selon sa fille; de son coté la réalisatrice reconnait que certains passages de l’interview ont été rajoutés pour les besoins du film, arguant de sa liberté de création, le tout pour mieux cerner la personnalité de l’actrice.

Sarah Biasini envisage-t-elle une action en justice ? Sur quel fondement pourrait-elle agir ?

Elle n’a pas encore dévoilé ses intentions, elle s’est bornée à faire valoir que ce qui était insinué était totalement faux afin que les spectateurs ne croient pas aller voir un film sur la vie réelle ou supposée de Romy Schneider. Dans ce type d’œuvre présentée comme des Biopics, il faut réussir l’exploit de concilier respect de la vie privée, honneur et dignité, d’autant plus difficile pour les personnes publiques jouissant d’une immense notoriété avec la fameuse liberté d’expression et de création artistique de tout à chacun.
La question s’est posée maintes fois à la justice notamment pour les autobiographies de personnes publiques. Et si les tribunaux se sont montrés très protecteurs de la vie privée dans les années 70, les décisions postérieures se sont quelque peu affranchies de ce principe pour permettre aux auteurs de reprendre des faits de vie privée déjà divulgués, en les mêlant à des faits inventés en prenant la précaution de ne pas susciter de confusion entre le réel et le fictif.

La liberté d’expression et de création aujourd’hui, est-elle plus forte que la protection de la vie privée ?

Elles sont d’égales valeurs normatives. Ce sont donc les juges qui tranchent au cas par cas, en optant le plus souvent en faveur de la liberté d’expression. Les dernières décisions ont rappelé que "personne ne peut revendiquer un monopole analogue à un droit d’auteur, sur les évènements de sa vie".

Le fait que la personne évoquée dans l’œuvre soit décédée, qu’est-ce que cela change ?

Presque tout car la Cour de Cassation a rappelé que le respect de la vie privée s’éteint au
déces de la personne concernée et donc les héritiers sont à priori irrecevables à agir en justice, sauf à démontrer son propre préjudice.

À priori la fille de l’actrice ne pourrait pas vraiment se plaindre des insinuations qu’elle qualifie de mensongères et graves sur sa maman en justice concernant le film en question ?

Sarah Biasini pourrait éventuellement tenter de défendre la mémoire de sa maman contre l’atteinte que lui porterait la relation de faits erronés ou déformés, comme elle l’invoque, et dont il pourrait être jugé qu’ils ont été portés à l’écran de mauvaise foi ou avec une légèreté blâmable.
Mais ce type d’action n’est pas gagné !