Chaque matin, Roland Pérez évoque une question de droit en rapport avec l'actualité dans Europe 1 Bonjour.
Le droit avec la condamnation en justice particulièrement lourde d’un maître chanteur qui menaçait de révéler une vidéo de ses relations intimes avec une jeune femme.
Les faits se sont passés à Mulhouse en 2016. Un homme faisait chanter une femme déjà en couple qui avait été sa maîtresse et dont il avait filmé leurs ébats. Il lui demandait de payer la somme de 8.000 euros pour ne pas diffuser la vidéo compromettante. Malchance toutefois pour le maître chanteur, au moment où il rappelait sa victime pour lui fixer un RDV pour qu’elle paie, celle-ci se trouvait précisément au commissariat pour porter plainte. Alors qu’entre temps, le compagnon de la jeune femme s’était séparée d’elle ayant appris l’infidélité de sa partenaire.
Le maître chanteur a donc été coincé par la police à la suite de cet appel malchanceux pour lui ?
Exact ! Alors que l’amant indélicat donnait RDV à son ex maîtresse par téléphone pour lui remettre une clé USB reproduisant la vidéo de leur relation intime contre la remise d’une somme de 8.000 euros, il devait être immédiatement arrêté. C’est le 24 mai dernier qu’il a été condamné à 18 mois de prison ferme pour extorsion par violence. Précisons que le prévenu ne s’est pas présenté au tribunal et que la fameuse clé USB confisquée, ne contenait en réalité aucune vidéo car il ne comptait probablement pas en rester là.
Que dit la loi en matière de chantage à la vidéo ?
Vidéo intime ou webcam, ce type d’arnaque touche des milliers de victimes chaque année. Lorsqu’il s’agit de chantage à proprement parler, la répression prévoit une peine de cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende. Si la menace est mise à exécution, en l’occurrence si la vidéo a été rendue publique, les peines sont de sept ans de prison et 100.000 euros d’amende.
Pour ceux qui sont victimes de ce qu’on appelle "l’arnaque à la webcam", comment peuvent-ils se défendre ?
Les victimes se font piéger sur des sites de rencontre où elles sont mises en confiance. Elles poursuivent leurs échanges par une conversation vidéo plus intime. La suite, ce sont des menaces de dévoiler sur les réseaux sociaux ces vidéos si la victime n’envoie pas d’argent très vite. En ce cas, il faut alerter les autorités via la plateforme du ministère de l’Intérieur en effectuant des captures d’écran et en signalant l’escroquerie sur la plateforme www.internet-signalement.gouv.fr.
Les victimes sont souvent jeunes, inexpérimentées et vulnérables, comment les accompagner au mieux pour faire valoir leurs droits ?
Il y a un site très bien fait qui accompagne pas à pas les victimes et leur explique comment réagir et se défendre. Il s’agit de www.sos-arnaque-webcam.com.