"Les classes moyennes ont le sentiment de payer deux fois : pour eux et pour la solidarité. Ce sont elles qui trinquent", fustige André Grimaldi.
André Grimaldi, professeur de diabétologie à la Pitié Salpêtrière à Paris
Ses principales déclarations :
"La Sécurité sociale rembourse bien l'hospitalisation, les soins graves, prend en charge la CMU. Par contre, pour les soins courants, elle ne prend en charge que 50% : il faut donc une complémentaire, elles sont de plus en plus chères !"
Y'a t-il un abandon de la santé de l'Etat au profit du privé ?
"Il y a un fort risque. Les classes moyennes ont le sentiment de payer deux fois : leur complémentaire pour eux et leur famille, et la Sécurité sociale pour la solidarité. Ca va monter comme aux USA : certains disent qu'ils ne veulent plus payer, et la solidarité est cassée. Plus particulièrement, les personnes retraitées pour qui les soins sont importants, qui n'ont pas le droit à la CMU et déboursent 14% de leur budget en complémentaire, vont dégrader leurs contrats et renoncer à des soins."
Que fait-on ?
"Il faut arrêter le replâtrage. Le système mixte est illisible. On subventionne les complémentaires, les complémentaires d'entreprise, 6 milliards, il y a l'aide à la complémentaire... Il faut tout remettre à plat. La sécu doit rembourser des soins solidaires justifiés : je ne comprends pourquoi, par exemple sur les statines, il y a beaucoup de génériques mais on prescrit le médicament qui n'est pas génériqué ! 100 millions pour la Sécu ! Même chose pour le dégénérescence maculaire de la rétine. La Sécu doit dire ce qui est solidaire et ce qui ne l'est pas."