L'ONDRP a publié un rapport sur le profil des voleurs en France. Il ressort principalement que "la part des mis en cause de nationalité étrangère augmente d'année en année" selon Christophe Soullez.
Christophe Soullez, chef du département de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales
Ses principales déclarations :
"Notre rapport parle principalement des vols sans violence : vols à la tire, à l'étalage. Et puis aussi les vols violents sans arme, dans une moindre mesure. On est sur les personnes mises en cause, interpellées pour ces infractions. Les voleurs sont de plus en plus souvent étrangers : leur part augmente de près de 10 points entre 2008 et 2012, ils représentent plus d'un quart des personnes mises en cause. Trois types de nationalités : les personnes de nationalité roumaine ou d'Europe balkanique qui représentent 60% des mis en cause pour les viols sans violence et les vols à la tire, apparition depuis 3 ou 4 ans des personnes de nationalité géorgienne pour les vols par effraction, les cambriolages, et depuis 3 ou 4 ans également des personnes d'origine tunisienne, ce qui peut correspondre avec la crise des printemps arabes, c'est peut-être lié à l'arrivée de réfugiés. C'est dans ce dernier cas une délinquance de subsistance."
Je croyais qu’on n’avait pas le droit de faire des statistiques ethniques…
"On a le droit de faire des statistiques par nationalité, c'est un élément objectif de l'Etat civil. C’est autorisé. La Justice publie la nationalité des personnes condamnées."
"L'hypothèse de l'observatoire sur cette hausse des vols commis par des personnes de nationalités roumaines ou georgiennes, c'est que nous sommes face à des réseaux criminels, organisés et structurés, qui ont compris l'intérêt à investir le champ du vol sans violence. Des modes opératoires peu graves, pas très identifiés au départ par les policiers et les gendarmes, pas très répréhensibles pénalement, avec une forte proportion de mineurs. Ce sont des personnes qui vont être exploitées, sous pression des réseaux criminels, avec des objectifs. Ces organisations ont compris l'intérêt de l'effet de volume : si les gains sont moins importants que le vol à main armée ou les stupéfiants, à la fin, avec ces petits vols en série, ça fait un gros butin. Ca retourne dans le pays d'origine et ça échappe aux radars de la police et la gendarmerie, mais de moins en moins car les policiers et gendarmes comprennent d'où ça vient."
"On trouve beaucoup de mineurs, et beaucoup de femmes dont le nombre augmente sur ce type de vols. Ce phénomène ne touche pas que la France : Espagne, Allemagne, Belgique connaissent les mêmes types de phénomènes. Ces équipes sont très mobiles."
Y'a t-il un effet crise ? On vole pour manger ?
"Oui il peut y avoir un effet crise ! On parlait des nationalités d'Afrique du Nord : libyens, tunisiens, les crises économiques ou géopolitiques peuvent avoir un impact sur leur participation de plus en plus active à ce type d'atteintes, mais c'est difficilement mesurable."
La réponse pénale vous parait-elle adaptée en France ?
"La réponse pénale parait adaptée quand les magistrats sont face à des réseaux. La difficulté pour les forces de l'ordre, ça va être d'imputer une série de vols ou de cambriolages à un seul individu. En imputer un lors d'un flagrant délit ou d'une procédure, ils y arrivent. Mais, sur ces délits commis en série, il faut en imputer un certain nombre pour que la condamnation judiciaire soit ferme. C'est la grosse difficulté aujourd'hui."