"Concrètement, la violence à l'hôpital se traduit par des agressions qui augmentent, une situation qui se crispe : les hôpitaux n'échappent pas à certaines évolutions que connait la société", alerte Frédéric Valletoux.
Frédéric Valletoux, président de la Fédération Hospitalière de France.
Ses principales déclarations :
"Concrètement, la violence à l'hôpital se traduit par des agressions qui augmentent, une situation qui se crispe : les hôpitaux n'échappent pas à certaines évolutions que connait la société. Longtemps sanctuaire préservé, sinon quelques faits divers de temps en temps, aujourd'hui on le sait, la violence devient un phénomène qui augmente. Ce qu’on souhaite à travers cette rencontre avec Manuel Valls, c'est l'interpeller fortement sur la sujet. Nous avons besoin d'une réponse."
"La violence, ça va des incivilités à des agressions physiques. Ce ne sont pas toujours des agressions à l'arme à feu, à l'arme blanche comme il y a eu l'été dernier à Marseille. Ça c'est le fait divers, arbre qui cache une réalité plus quotidienne et moins médiatique. Il y a un vrai sujet, une exaspération des personnels, une réalité qu'il faut prendre en compte."
"Les hôpitaux sont des lieux ouverts qui accueillent des personnes dans un moment où ils sont peut-être plus fragiles, ou l'exaspération peut monter plus vite. On connait la question des urgences : 2 fois plus de Français sont passés dans les urgences qu'il y a 10 ans. Cette question concerne les urgences, mais aussi les services de psychiatrie, mais pas seulement... Les urgences sont un point d'entrée particulièrement sensible. Les hôpitaux ne sont pas habitués à s'organiser face à la violence ! Les hospitaliers sont là pour soigner, pas pour gérer cette violence."
Faut-il mettre des vigiles, des portiques, des caméras... ? Qu'allez-vous demander à Manuel Valls ?
"On va lui demander d'accompagner les hospitaliers dans la montée de ces phénomènes. Faut-il mettre des policiers devant l'entrée des hôpitaux ? Certainement pas de manière systématique, sans oui pour certains hôpitaux dans des territoires particulièrement sensibles. On pourrait augmenter les rondes, faire en sorte qu'en cas de besoin la police réagisse plus vite. Il faut favoriser le dépôt de plainte et faire en sorte que les incivilités soient signalées beaucoup plus qu'aujourd'hui. Ce n'est pas la culture des hospitaliers : ils ont là pour soigner, la charge de travail est lourde, s'il faut en plus passer 1 heure ou deux au commissariat... Les incidents les plus graves sont répertoriés et donnent lieu souvent à la saisie de la justice, mais ce n'est pas le cas pour toute cette petite violence au quotidien impalpable parfois indescriptible mais qui pèse sur le quotidien des hospitaliers."
"Je ne veux pas qu'on puisse dire qu'on veut mettre des policiers devant tous les hôpitaux ! Là où c'est le plus sensible, la nuit pourquoi pas, ou certains soirs quand ce sont des moments de pics de violences, comme le week-end. Ce n'est peut-être que quelques hôpitaux, les plus sensibles. On donne bien des subventions aux communes pour qu'elles mettent de la vidéo-surveillance : le gouvernement doit peut-être mettre un plan pour sécuriser les locaux hospitaliers. On rentre, tant mieux, dans un hôpital comme dans un moulin : il faut aujourd'hui sans doute mieux sécuriser les hôpitaux."
Des cours d'auto-défense sont donnés au CHU de Limoges... On en est là ?
"Les hôpitaux mettent en place des solutions locales. Auto-défense à Limoges, gros effort de prévention... Auto-défense, c'est comment agir face à l'incivilité, le stress, l'agressivité, et comment on essaie physiquement de se protéger si l'énervement monte vraiment. L'hôpital de Marseille a revu complètement l'accès de ses locaux la nuit après l'incident de cet été. Les solutions locales existent, les hospitaliers ne sont pas restés les bras croisés. Pour l'instant, le gouvernement, oui... Il y a eu une émotion, Mr Valls et Mme Touraine sont venus à Marseille, il y a eu de belles déclarations sur cette réalité nouvelle de la violence à l'hôpital, ça devait être suivi d'effets. On attend toujours la suite."
Il n'a pas conscience de la situation ou il ne veut pas la voir ?
"On lui demandera tout à l'heure, il nous le dira. Ce qu'on voudrait aujourd'hui, c'est une mobilisation, que des instructions soient données aux policiers et aux commissaires, à la Justice aussi, de manière à ce que les affaires qui concernent l'hôpital soient mieux prises en compte. Il faut peut-être faciliter les dépôts de plainte en les faisant directement à l'hôpital plutôt qu'au commissariat, il faut réagir plus vite."
Vous êtes conseiller régional UMP : vous ne faites pas monter la sauce à quelques semaines d'une élection ?
"Pas du tout. On décrit des phénomènes connus, anciens, on va évoquer ces sujets en dehors de tout incident pour ne pas monter en épingle un incident qui aurait pu défrayer la chronique. A froid, pour dire qu'on veut des réponses à froid, qui demandent un investissement de long terme."