"Partir ou rester, ça équivaut à peu près à la même chose", a toutefois estimé sur Europe 1 l'ancien membre d'EELV.
Noël Mamère, député-maire de Bègles
Ses principales déclarations :
C'est le moment pour les Verts de sortir du gouvernement ?
"C'est surtout le moment pour Jean-Marc Ayrault de sortir lui-même de l'ambiguïté ! De faire un choix politique courageux et réaliste et d'abandonner ce projet d'aéroport Notre-Dame des Landes qui date des années 1960, quand il y avait encore le Concorde et le Supersonique, un rêve du 20ème siècle qui ne correspond pas aux modèles de développement qui sont les nôtres aujourd'hui, et surtout à la nécessite de lutter contre le réchauffement climatique et l'effet de serre. D'autre part, nous demandons aussi au Président et à son Premier ministre de sortir de l'ambigüité sur la question de la transition énergétique : elle prend beaucoup de retard, elle ne sera pas la grande loi annoncée, ne sera pas examinée avant l'été. Il y a de fortes chances que cette transition énergétique se transforme en une sorte de loi zéro carbone, une pantalonnade quand on regarde les enjeux devant nous."
"Mais l'ambigüité est aussi du côté des écologistes : elle était là dès la signature de notre accord électoral en novembre 2011. Nous avions pris soin d'exclure la question de l'EPR, et celle de Notre-Dame des Landes. Voilà : pour un accord électoral mal signé, le boomerang nous revient dans la figure."
Quand vous disiez que c'est à Ayrault de sortir de l'ambigüité, j'ai cru que vous alliez dire que c'est à lui de dire aux Verts de quitter le gouvernement...
"Nous sommes dans une situation telle que partir ou rester équivaut à peu près à la même chose. Nous sommes dans une impasse. Nous avons avalé tellement de couleuvres que nous sommes complètement déconsidérés : de toutes façons, Jean-Marc Ayrault peut faire beaucoup de moulinets et montrer ses biceps comme il l'avait fait pour la grande réforme fiscale évanouie quelques jours plus tard. François Hollande n'a pas de majorité alternative, pas avec le Front de Gauche, pas plus qu'avec François Bayrou et les centristes. Donc il est obligé de garder encore quelques temps ces écologistes qui l'embêtent et qui peuvent dire tout et n'importe quoi, pratiquer le grand écart sans se faire mal aux muscles."
Bernard Debré hier sur Europe 1 : "Les socialistes et les verts, comme dans un couple, on ne sait plus pourquoi ils sont ensemble..."
"On peut poser la même question à Bernard Debré, pourquoi Copé et Filllon sont ensemble, c'est l'hôpital qui se moque de la charité. Les partis de gouvernement sont en très mauvaise posture, il ne faut pas s'étonner de la montée du Front National quand on voit ce taux de délégitimation des partis de gouvernements, des partis dits républicains. Je suis écologiste, on se bat depuis longtemps pour dire que l'écologie est un des outils pour répondre à la crise, qui peut créer des emplois, favoriser recherche et innovation. Comme l'ont montré un certain nombre d'autres pays comme l'Allemagne - qui n'est pas l'exemple absolu - mais qui en matière de choix sur les énergies renouvelables et sur les économies d'énergie a créé plus de 500.000 emplois ! L'Allemagne économise 20% d'énergie de plus que nous : nous sommes un peu les derniers de la classe. Et les écologistes qui sont au gouvernement, vu leur situation de faiblesse, n'ont pas réussi à modifier et infléchir la politique du gouvernement, une politique menée par des socialistes encore très productivistes, très ancienne mode."
Il y a aura la loi sur l'énergie, elle doit mettre en musique plusieurs promesses du Président dont la fermeture de Fessenheim. Il se murmure que la loi serait assez floue sur cet objectif-là. Ce serait l'humiliation ultime ?
"L'humiliation a déjà eu lieu : ça finit par devenir ringard de demander aux ministres de sortir du gouvernement tellement nous sommes dans une situation pénible. Vous parlez de loi sur l'énergie et pas de transition énergétique : le virus est déjà passé dans la tête des journalistes qui ont intégré qu'il n'y aura pas de véritable loi sur la transition énergétique. Il y a déjà un bon exemple : que le Premier ministre sorte de l'ambigüité en acceptant qu'à l'Assemblée il y ait une commission spéciale qui réunisse la commission de l'énergie, la commission du développement durable et la commission de l'économie pour préparer la loi sur la transition énergétique ! Aujourd'hui il y a un blocage : il s'agit simplement de faire examiner ce projet de loi par la commission de l'économie, ce qui montrerait bien que nous ne sommes pas dans une perspective de transition énergétique."
Dans Le Monde, Duflot disait ce week-end: "La politique sans idéal n'est qu'une sale manie". Ça vous va ?
"Ça me va très bien. Je ne dis pas que Cécile Duflot n'a pas d'idéal, mais quand le pragmatisme l'emporte sur l'idéal, il fait mauvais temps."
Quand doit-elle sortir du gouvernement ?
"Ce n'est pas à moi de le dire : c'est à elle le décider. Je ne suis plus membre d'EELV parce que je ne partage pas la ligne politique défendue par Cécile Duflot et le parti."