Tous les dimanches, Xavier Yvon, correspondant d'Europe 1 à New York, nous livre son journal de la semaine.
Notre rendez-vous tous les dimanches matin désormais,"American Breakfast", le journal de la semaine en Amérique. On part prendre notre petit déjeuner à New York avec notre correspondant aux Etats-Unis. Comme chaque dimanche jusqu’au vote, on parlera de la campagne électorale américaine, mais pas seulement. Alors cette semaine qu'est-ce qu'il y a au menu de notre petit-déjeuner américain ?
Cette semaine : du Trump à la sauce mexicaine, une saucisse embarrassante chez Clinton, la recette d’une polémique "politico-sportive", et… des abeilles.
C’est parti, on commence donc avec la longue route jusqu’à l’élection, qui a pris un détour cette semaine par le Mexique.
A la surprise générale, Donald Trump est allé rendre visite au président mexicain. Ça a donné une image très présidentielle du candidat, c’est ce qu’il voulait. Pourtant c’était bien le dernier pays où l’on attendait de voir Donald Trump tant il a passé son temps à dénoncer les immigrés mexicains, des "violeurs et des dealers", je cite, responsables en gros de tous les malheurs des Etats-Unis. Face au président mexicain, Donald Trump a fait profil bas, évoquant du bout des lèvres le mur géant qu’il promet de construire à la frontière pour stopper les clandestins. Mais le soir même, de retour aux Etats-Unis, il a livré un discours féroce et enflammé
"Vous êtes prêts ? Nous allons construire un grand mur à la frontière sud. Un mur immense, impénétrable, physique, puissant, et beau. - Donald Trump "
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Et qui va payer la facture ? Le Mexique bien sur, comme promis. "Je lui ai répété que c’était hors de question" a fait savoir le président mexicain.
Il a été question de "saucisse" cette semaine dans la campagne électorale ?
La presse américaine s’est délectée cette semaine du dernier scandale sexuel dans le camp Clinton. Quel rapport avec la saucisse ? vous allez comprendre… La principale conseillère d’Hillary Clinton a annoncé cette semaine sa séparation avec son mari, lui-même homme politique mais surtout un obsédé des "sextos". Il envoie des messages sexuels à des jeunes femmes sur internet, notamment des photos de lui-même torse nu, son slip bombé de manière caractéristique.
Cet homme s’appelle Anthony Weiner. "Weiner", pour les Américains, c’est le nom d’une saucisse, de celles qu’on met dans les hot-dogs, et par extension, en argot, ça désigne le sexe masculin. Vous pensez bien que ça a donné lieu à des jeux mots infinis, comme dans ce sketch, pas très subtil, par exemple, de l’humoriste Stephen Colbert…
"Août c’est un mois où les infos sont plus rares, et ça peut être DUR pour moi de trouver des trucs à raconter… Heureusement, quelque chose a surgi : Anthony Weiner (WINEUR). Je veux juste ÉLARGIR mes remerciements, pour avoir FAIT SE DRESSER une telle occasion. Cette histoire est DURE COMME LE ROC ! - Stephen Colbert, The Late Show du 30 août "
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Bon on a traduit comme on pouvait. Allez, on quitte la campagne la-dessus, pour parler de la polémique qui divise les Américains cette semaine à la machine à café. A votre avis Colin Kaepernick est-il un traître à la patrie ou un héros américain ?
Colin Kaepernick c’est une star du football américain, le "quarterback", le meneur de jeu, des 49ers de San Francisco. Depuis deux semaines, Colin Kaepernick refuse de se lever, au moment où tout le monde dans le stade met sa main sur le cœur, regarde le drapeau étoilé, et se met à chanter l’hymne national américain. Joué avant chaque rencontre sportive. Pour Colin Kaepernick, qui est métis, il s’agit d’un geste politique.
""Je ne vais pas afficher de fierté pour le drapeau d'un pays qui opprime les Noirs [...] je ne pourrais pas me regarder dans le miroir alors qu’il y a des gens qui meurent dans la rue" - Colin Kaepernick "
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Il fait référence aux Noirs récemment tués par des policiers blancs alors qu’ils n’étaient pas armés. Attitude inadmissible pour certains, on ne touche aux symboles de la patrie. Des Américains se sont filmés sur internet en train de brûler le maillot de Colin Kaepernick. Et puis il y a ceux qui partagent son combat et qui le comparent aux athlètes noirs américains levant le poing sur un podium olympique en 1968. Enfin, il y a ceux, pas forcément d’accord, qui le défendent quand même au nom du premier amendement de la constitution celui qui protège a liberté d’expression. Notamment de nombreux vétérans de l’armée américaine, qui postent sur internet des photos d’eux-mêmes en uniformes avec ce genre de message : "Je ne suis pas d’accord avec toutes ses opinions, mais je me battrai jusqu’à la mort pour son droit à les dire".
Enfin pour terminer notre "breakfast américain", il y avait des abeilles à votre menu.
Des millions d’abeilles mortes, des cadavres rayés partout par terre : ce sont des images que l’on a pu voir cette semaine en Caroline du Sud. Ainsi que la détresse des apiculteurs découvrant le massacre. "Mes abeilles bourdonnaient et puis d’un coup, plus rien, le silence", raconte l’un d’entre eux. "C’était comme après une explosion nucléaire." Tout ça à cause de la lutte contre le virus Zika. Les autorités locales ont répandu, par avion, un puissant insecticide pour tuer les moustiques potentiellement porteur du virus. Mais quelqu'un a oublié de prévenir les apiculteurs de la région. Il faudra donc chercher du miel ailleurs pour "l’American Breakfast" de la prochaine.