Anne Cazaubon nous dévoile les dessous d'un cours de yoga. Le yoga est un "révélateur d'authenticité", explique-t-elle.
Aujourd’hui, ce n’est pas parce que c’est férié, qu’on a le droit de faire l’impasse sur une leçon de développement personnel !
Et ce qu’il y a de bien avec le yoga, c’est qu’à tous les coups l’on gagne. Oui, on est certain qu’à chaque séance, on se rassemble un peu plus, que petit à petit, on s’approche d’un alignement corps/esprit, que l’on se concentre sur son souffle et sa respiration, mais aussi sur ce que notre corps est prêt à faire aujourd’hui (et non hier ou demain). Tout se joue là, sur le tapis de yoga, cette magnifique "surface de réparation". Peut-être que la semaine dernière, j’arriverai à toucher mes genoux avec la tête, peut-être qu’il y a un mois, j’avais réussi à tenir en équilibre sur un pied pendant deux minutes sauf qu’aujourd’hui, ici et maintenant, il en est tout autrement. Oui, le yoga, c’est véritablement la pratique qui valide l’adage "on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve".
A chaque début de cours, c’est le même cérémonial : la prof nous demande si nous avons des douleurs particulières, des blessures à signaler… Et là, la séance se transforme en véritable "cour des miracles". Chacun confie ses "ligaments croisés sur une piste rouge verglacée dans les Alpes", cette "cheville qui dévisse depuis ces dix années de danse classique", cette "lombaire qui ne veut décidément pas reprendre le chemin rectiligne de notre colonne vertébrale"… Bref, chacun, avec humilité, ose montrer sa vulnérabilité, et se présenter tel qu’il est avec le corps qu’il a !
Et je ne vous mène pas en bateau ! Je vous mène plutôt vers la posture du bateau (qui est une posture de yoga, qui fait bien travailler les abdos, j’invite d’ailleurs les plus curieux d’entre vous à faire une recherche sur internet) pour voir à quel point le yoga, c’est engageant ! Oui, ça demande de l’engagement, des muscles (certains inavouables ou encore inconnus au bataillon), mais aussi de l’engagement moral. Le corps et l’esprit.
On a vraiment le sentiment que le yoga fait tomber les masques…
Le yoga, c’est un "révélateur d’authenticité". Et si à chaque début de cours, nous sommes invités à déposer nos blessures, la fin de chaque séance, elle, se transforme en invitation à "rendre les armes", à s’offrir tel quel au monde, allongé sur le sol, pour recevoir les bénéfices de notre pratique, le temps du savasana, la posture dite "du cadavre", celle de repos, qui clôture la succession de postures. C’est d’ailleurs ce que la prof nous a invité à faire. A "déposer nos armures" et je vous jure que dans le décor de cette salle de yoga, avec des mandalas au mur et des gongs suspendus, j’ai véritablement entendu tomber symboliquement des dizaines d’armures métalliques, qui ont pris la forme sonore de bâillements, et de relâchement corporel, personnel puis collectif !
Une fois cette cuirasse au sol, la prof nous a invité à prendre soin de ce corps. Ça commence par là, parce que je peux me donner à moi-même. C’est d’ailleurs en prenant soin de moi, que je montre aux autres, et à la vie en général, comment je demande à être traitée, à être honorée. La prof nous a donc invité à nous frotter les mains, pour créer comme une petite bouillotte naturelle et se les passer ensuite sur les yeux, sur les mâchoires, sur la tête, s’offrir comme une petite douche de chaleur, d’abord, pour nous.
Et enfin, comme pour clôturer cette déclaration d’amour à nous-même, à notre corps, elle nous a proposé de nous prendre dans les bras. Mais attention, pas de nous lancer dans une session de "câlins gratuits", de free hugs. Mais simplement de se prendre dans les bras, tout seul, avec soi-même en croisant les bras, et en s’attrapant les épaules. Une posture qui au-delà de ses vertus relaxantes, délassantes, nous ramène justement à comprendre, à intégrer, que c’est en se donnant d’abord de l’amour et de l’attention, que j’arrive par la suite, à en donner ainsi qu’à en recevoir.