Les "random act of kindness", ces gestes de bienveillance pour le simple plaisir d'aider au quotidien, nous permettent d'ancrer un peu plus qui nous sommes dans notre vie.
Anne Cazaubon, aujourd’hui, vous nous ouvrez à la gentillesse…
Oui, parce que je me suis laissée dire qu’il y avait comme encore un peu de boulot sur le dossier ! Je suis donc allée chercher une réponse aux langues persifleuses, et me suis promenée sur Instagram, et tout en "scrollant", comme dit le jeune, je suis tombée sur un post initié par les enfants de Wayne Dyer (c’est un auteur de développement personnel américain décédé il y a deux ans, très connu aux Etats-Unis et parfois controversé mais ce n’est pas le sujet). Parce que c’était l’anniversaire de sa naissance il y a quelques jours, ses nombreux enfants ont invité les internautes, non pas à fleurir sa tombe, ou à allumer une bougie, mais à lui rendre hommage, d’une manière fort jolie, en faisant quelque chose pour le monde, et en réalisant des "Random act of kindness".
Et en français, ça donne quoi ?
Vous savez, ce sont tous ces petits actes gratuits, bienveillants, sans attente d’un retour. On peut commencer extrêmement simplement, en ouvrant les yeux, en regardant tout autour de moi (et en faisant taire ainsi les mauvaises langues qui disent que le développement personnel, c’est pour les auto-centrés). En regardant donc ceux qui m’entourent et en me demandant, dans ce bus, par exemple, qui aurait besoin de s’asseoir ? Dans cette rue, qui aurait besoin de bras pour porter ses courses ? Sous cette pluie torrentielle, qui aurait bien besoin d’un petit coin de parapluie ? Est-ce que c’est le jour où je pourrais prendre le temps d’inviter la grand-mère de mon immeuble à prendre le thé ? Ou au moins à prendre le temps de discuter avec elle ? De lui demander comment elle va ? De l’écouter profondément ? D’éviter de laisser cette mère de famille galérer avec sa poussette et son cabas dans les escaliers du métro (parce que franchement, on n’est jamais à deux minutes près).
Ce peut être aussi tout un tas de petits gestes en conscience que je peux essayer de mettre en place aujourd’hui, pour les perpétrer à l’avenir : dire bonjour au chauffeur de bus en le regardant dans les yeux. Offrir un sourire à quelqu’un qui a le regard triste dans cette file de supermarché. Bref, les "random act of kindness", c’est avant tout l’art de rendre service et d’élever le service au rang de l’artistique aussi. Peut-être d’écrire des messages positifs à la craie sur les trottoirs ou sur les murs, comme le font beaucoup de street-artistes conscients. Ce peut être aussi d’offrir un "café en attente" comme certains cafetiers le proposent. De pré-payer un café qui sera offert à une personne dans le besoin et là, la notion de hasard, est bien présente. Bref, les "random act of kindness", c’est l’art de donner et de recevoir dans la joie et sans attente.
Mais qu’est-ce qu’on y gagne à faire tous ces petits gestes ?
Ce sont avant tout des actions. Et quand au-delà de mes idées politiques, de mes convictions, de mon éducation, je pose des actes, je passe à l’action, j’ancre un peu plus qui je suis réellement dans ma vie puisque mes actes parlent pour moi. Et je ne parle pas forcément de le crier au plus grand nombre ou sur les réseaux sociaux. J’aime bien cette phrase qui dit que "l’intégrité, c’est ce que l’on fait quand personne ne nous regarde". Cette balade dans les bois, seule, dont je suis rentrée avec un sac poubelle plein de déchets ramassés au gré de mes pas. Grâce tous ces actes de bienveillance gratuits, je vais humaniser mes contacts avec autrui, nourrir mon estime personnelle, mon sentiment d’appartenance, me redonner foi en l’humanité et développer ainsi le sens de la communauté. Rien que ça. Et vous, quel est le petit geste bienveillant que vous pourriez faire aujourd’hui ?