Chaque matin, Nicolas Barré décrypte l'une des actualités économiques marquantes du jour.
C’est une des annonces du Conseil de défense écologique qui s’est réuni hier : le gouvernement va créer une nouvelle taxe sur les billets d’avion.
Oui une taxe de 1,5 euros pour les vols intérieurs en classe éco et qui pourra grimper jusqu’à 18 euros pour les vols hors d’Europe en classe affaires. Elle s’appliquera à tous les vols au départ de la France, sauf vers la Corse et l’Outre-mer : la France est championne du monde pour créer des taxes assorties d’exceptions, ne l’oublions pas. Cette écotaxe est triplement critiquable : elle est démagogique, stupide sur le plan économique et complètement contradictoire avec ce que disait le gouvernement lui-même il y a quelques mois.
Pourquoi démagogique ?
Le gouvernement a vu monter les critiques sur le transport aérien, certains dans les rangs des Verts voulant même interdire les vols intérieurs. Donc on envoie un signal. Un signal à 180 millions d’euros par an tout de même, c’est ce que rapportera cette taxe payée par nous tous à chaque fois qu’on achètera un billet d’avion. Or il faut savoir qu’il existe déjà 4 taxes spécifiques sur le transport aérien, plus des redevances pour financer par exemple les contrôles. Ce qui fait que ces prélèvements divers représentent déjà plus de la moitié du prix d’un billet d’avion !
Au point où on en est, on ajoute donc quelques euros de plus pour faire plaisir aux Verts. Quelques euros de plus, ça ne changera pas les comportements, sauf peut-être des plus modestes qui devront prendre le train, et ça ne changera rien aux émissions de CO2. C’est de la démagogie pure et en plus, c’est stupide sur le plan économique.
Pourquoi ?
D’abord parce que ça plombe Air France par rapport à ses concurrents. Forcément, puisque ce sont les vols au départ de France qui sont taxés. Mais le transport aérien est un business mondial : le taxer dans un seul pays est aberrant. Les compagnies du Golfe, Qatar, Emirates et autres, qui ne sont déjà pas soumises aux mêmes règles sociales que nous, peuvent dire « merci » au gouvernement français ! Je rappelle aussi qu’Air France perd beaucoup d’argent sur son réseau domestique. En le taxant, on n’arrange rien.
Enfin le gouvernement ne craint pas de se contredire : jusqu’ici, sa ligne consistait à dire qu’il fallait une taxe européenne pour financer la transition énergétique. Finalement, ce sera donc une taxe franco-française. L’art de se tirer une balle dans le pied…