Le sénat américain examine une loi visant à requalifier tous les chauffeurs VTC en salariés. Uber et Lyft sont chahutés à Wall Street. La "disruption" portée par la nouvelle économie ne doit pas dynamiter le droit du travail.
Est-ce la fin du "modèle" Uber ? Les sénateurs américains étudient un projet de loi visant à requalifier tous les chauffeurs de VTC en salariés.
On attend une décision imminente du Sénat de Californie mais si cette loi passe, c'est la faillite d'Uber.
Car ces plateformes de services type Uber, Lyft ou Deliveroo emploient non pas des salariés mais des indépendants ou des auto-entrepreneurs. Ce qui veut dire moins d'avantage sociaux, pas de vacances, pas de chômage, pas de congés médicaux et pas de syndicat.
En France, on a vu comment le leader de la contestation chez Deliveroo a vu son contrat résilié. Même si, officiellement, ça n'a rien à voir avec le fait qu'il était à la pointe de la contestation cet été.
Avec ce modèle, il y a donc moins d'avantages sociaux pour les travailleurs et moins de charges pour l'entreprise. L'État de Californie estime ainsi qu'il perd plus de six milliards d'euros de taxes chaque année.
Cette révolution Internet venue de Californie a deux visages.
Un premier visage très positif, celui de la technologie. On est tous connecté et c’est très bien.
Et un autre visage, moins reluisant celui-ci, qui repose sur le moins disant social.
Ce projet de loi visant à requalifier tous les chauffeurs de VTC en salarié a-t-il des chances de passer ? Et avec quelle conséquence sur la France ?
Chaque pays à ses lois sociales. En France, il existe une charte de bonne conduite mais qui est jugée insuffisante.
Mais le modèle Uber est fragile. D'ailleurs, la justice requalifie les contrats de travail de chauffeur en salarié car il y a ce que l'on appelle un lien de subordination. C'est Uber le patron, Uber qui fixe les prix et Uber qui peut vous déconnecter ou vous sanctionner. La relation de travail n'est pas équilibrée.
C'est une question fondamentale, est-ce que l'on n'est pas en train de créer une nouveau statut de "sous-salarié" ? Ce débat est en train de s'inviter au cœur de la campagne présidentielle aux États-Unis et pourrait bien rebondir en France.