Chaque matin, Axel de Tarlé décrypte l'une des actualités économiques marquantes du jour.
Bonjour Axel, le Ministre de l'Economie Bruno Le Maire annonce une loi sur la domiciliation fiscale des grands patrons. Et vous nous dites que cela fait suite à l'actualité ?
Oui Nikos, cela fait suite à l'affaire Carlos Ghosn. Carlos Ghosn dont on a appris qu'il serait résident fiscal aux Pays-Bas depuis 2012. Et on se souvient de cette petite phrase d'Emmanuel Macron le 10 décembre dernier, sur ces Grands patrons français qui se devaient de payer leurs impôts en France, et pas à l'étranger. D'où cette annonce, hier, de Bruno Le Maire qui veut renforcer les règles pour s'assurer dit-il que "les dirigeants des grandes entreprises dont le siège est en France, payent bien leurs impôts en France".
Sans qu'on puisse - d'ailleurs - exactement savoir s'il s'agit là d'un problème massif, à cause du secret fiscal. En fait - excepté Carlos Ghosn - il semble que ce genre de domiciliation fiscale à l'étranger soit assez marginal. Et de toute façon légal pour des dirigeants qui vivent une bonne partie de l'année, hors de nos frontières.
"Légal", mais pas moral Axel. Il y a une soif d'équité fiscale en France.
C'est vrai qu'au-delà de Carlos Ghosn, l'optimisation fiscale - non pas des dirigeants - mais des grandes entreprises - est une réalité qui coûte, chaque année, des milliards d'euros aux Etats. Ce sont les Gafa - Google - Amazon - Facebook - qui ont donné le mauvais exemple. Témoignage d'un grand patron français (dont je tairai le nom) qui me disait : "Quand j'ai vu comment Amazon et Consorts arrivaient à ne pas payer d'impôts en France. Premier réflexe : je suis allé voir mon directeur financier, pour voir comment, nous aussi, on pouvait réduire la note fiscale".
Et certains se font d'ailleurs rattraper par la Police, comme Kering, le géant du luxe, dont la filiale Gucci avait visiblement tendance à facturer ses ventes - non pas depuis l'Italie, son pays d'origine - mais depuis la Suisse - ou les taxes sont plus basses. D'après un premier audit - le fisc italien pourrait infliger un redressement fiscal de 1,4 milliard d'euros à Kering !
Ça calme...
C'est vrai qu'il y a un problème, avec ces grandes entreprises, qui ne cessent de mettre en avant leurs valeurs citoyennes, leur responsabilité sociale, la croissance inclusive, mais rechignent à payer leurs impôts. A croire, que les impôts, c'est pour les PME !