Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Ce matin, trois histoires de médecine et d’innovation, sans lien les unes avec les autres, si ce n’est qu’elles sont toutes très récentes et toutes pleines d’espoir.
La première concerne une start-up lilloise, Lattice Medical, qui va lancer cet été des tests pendant trois ans qui changeront la vie de millions de femmes s’ils sont concluant.
Cette jeune entreprise développe une bioprothèse pour la reconstitution des seins après un cancer. Technique innovante époustouflante. Il s’agit d’implanter dans les seins une prothèse vide imprimée sur mesure en 3D avec un biomatériau. A l’intérieur de cette prothèse on implante du tissu adipeux de la patiente et on le laisse se multiplier. Il remplit l’espace et la prothèse finit par se dissoudre d’elle même, comme les points de suture.
Pas de silicone, pas de corps étranger, et un tissu vivant. Ca veut dire pas de douleur, des suites d’opérations facilitées et surtout un traumatisme psychologique de la perte d’un sein considérablement allégé. Une femme sur neuf est concernée dans sa vie, mais seulement 30% d’entre elles choisissent une reconstruction.
Un autre progrès, permis cette fois –ci par l’intelligence artificielle.
Les programmes d’IA font des bonds considérables, ils font très peur. Mais ils donnent aussi des espérances folles. Ca se passe cette fois-ci en Lorraine, à Nancy et plus précisément à l’Institut de cancerologie de Lorraine. Un nouveau logiciel fonctionnant avec une intelligence artificielle a été installé au début de cette année, qui change radicalement les traitements de radiothérapie. Ils permet de contourer les cellules malades pour ne cibler qu’elles pendant les séances. Un gain de temps considérable, des suites de traitement beaucoup moins lourdes pour les patients, puisqu’on épargne les tissus sains, et une possibilité d’adapter les traitements à la gravité de chaque cas.
Et puis une histoire d’ARN Messager
Cette même technologie de vaccin à ARN messager, qui a suscité tant de peurs irrationnelles lorsqu’elle a trouvé ses premières applications en médecine humaine, pour endiguer l’épidémie de covid. Elle fait, elle aussi, des progrès fulgurants en peu de temps.
Les laboratoires BioNTech et Roche développent un vaccin « personnalisé » à ARN messager pour apprendre au système immunitaire à combattre le cancer du pancréas. Les premiers tests sur 16 patients sont encourageants. La moitié d’entre eux a été guéris. Actuellement, ce cancer est mortel dans neuf cas sur dix. Alors, prudence, l’échantillon est tout petit. Mais c’est fou ! Il n’a fallu que 9 semaines pour élaborer le vaccin. On peine encore à se rendre compte à quel point le traitement du cancer, qui créée tant de drames, va changer.
Une morale, peut-être ?
Un sujet de réflexion, plutôt, à la veille de ce long week end, j’avais envie de partager de l’ebthousiasme. Nous devrions tous, collectivement, nous méfier de nous-même et de notre peur de la science, du progrès. Le départ d’un des pères de l’Intelligence artificielle de Google, qui se veut maintenant lanceur d’alerte, a suscité beaucoup de réactions, de personnes qui demandaient de tout arrêter, vite, en urgence, parce que cette technologie menace l’espèce humaine.
C’est tellement plus nuancé, tellement plus compliqué. Nous devons réapprendre le goût de l’innovation, savoir qu’à un risque lié au progrès est attaché un bénéfice. Quelle époque pour être en vie !