Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Une quiche. Epinards, fèves, estragon : c’est ce qui a été servi aux invités au repas du couronnement de Charles III d’Angleterre.
2.000 invités au banquet, il fallait les nourrir, et c’est donc ce plat simplissime qui a été choisi. Le motif officiel : le nouveau roi adore les œufs, le fromage et puis il a la fibre écolo. Il veut donner l'exemple d'une consommation plus responsable, sans viande. D’où ce choix frugal. Message : on ne fait pas n’importe quoi avec vos sous.
Un peu plus frugal que le coût de la cérémonie.
Un coût que la presse britannique est réduite à estimer, parce que Buckingham refuse pour l’instant de confirmer. Mais on le saura plus tard, puisque c’est le contribuable qui paie. Sans doute entre 100 et 280 millions d’euros - les estimations de la presse britannique font le grand écart.
Les deux tiers du budget de Charles III ont été consacrés à la sécurité. Autre temps, autres menaces. Reste que quand l’inflation dépasse les 10% au Royaume Uni, que les Anglais tirent la langue depuis l’hiver à cause de la flambée des factures énergétiques, que les fonctionnaires ont mené de longues grèves pour être mieux payés. Alors, quiche ou pas quiche au repas, ça agace.
Au Royaume-Uni, on se console comme on peut avec les retombées économiques, sans doute très importantes. Mais le couronnement remet encore une fois sur la table le coût de la monarchie
Une habitude, en Grande Bretagne, de se soucier du coût du decorum, qui se termine toujours par le même résultat décevant. La famille royale, régulièrement critiquée pour son coût, publie un rapport financier annuel, depuis quelques années, dans un souci récent de transparence. Un peu illusoire.
Elle donne les grandes lignes de la façon dont elle dépense de la "subvention royale", l’enveloppe d’argent public qui lui est allouée et qui finance les voyages officiels, les réceptions, l’entretien de la famille, soit 100 millions d’euros. 1.79 euros par Britannique.
De l’argent qui vient en fait des bénéfices des propriétés royales, qui reviennent à l’Etat mais qui sont rétrocédées à la royauté.
Charles, le roi à la quiche, a promis de réduire à la baisse les dépenses de la couronne.
Il voudrait notamment réduire à la baisse le nombre de « membres actifs » au sein de la famille royale, et tout le staff qui les accompagne dans leurs missions. Mais ça, ce n’est qu’une toute petite partie de la question.
Le patrimoine royal, celui de l’État, sont si intrinsèquement liés que tout ça, ça reste extrêmement compliqué, inextricable, et bien peu transparent. Les journaux anglais se sont livrés à l’exercice d’évaluation de la fortune royale, ces derniers jours. C’est le cas du Guardian, qui y a consacré une longue enquête. C’est édifiant, l’article a supposé un mélange de fouilles dans les archives historiques, d’exégèse du droit fiscal, d’analyse de traditions remontant au fonds des âges monarchiques. Tout ça pour en finir par un grand point d’interrogation. Conclusion :”Le roi ne sait sans doute pas lui-même à quel point il est riche”. Alors la quiche aux épinards, ça fait un peu mesquin.