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L'association animaliste L214 a publié la semaine passé son classement « Une ville pour les animaux », qui récompense les politiques publiques qui les prennent, selon elle, le plus en compte. Et ça a été un grand moment de gloire pour les grandes villes écolo françaises
Tiercé de tête des villes les plus accueillantes pour les animaux : Grenoble, Strasbourg et Lyon. Trois villes symboles de l'écologisme municipal qui, selon L 214 répondent le plus à ses critères. Des critères qui sont un grand fourre-tout, puisque cela inclut la végétalisation de l’alimentation - oui, L214, c'est avant tout une organisation qui milite contre la consommation de viande.
Mais aussi la prise en compte des animaux vivant en ville. L214 évalue la mise en place d’une délégation municipale dédiée à la condition animale, la transparence des fourrières, ou encore la présence de critères de bien-être animal dans les marchés publics. D’autres mesures s’intéressent aux politiques de stérilisation des chats errants et aux alternatives à l’abattage des pigeons.
Des approches animalistes diversement comprises des citoyens.
S'ils sont d'accord pour les parcs à chiens, ils ont souvent plus de mal avec les tentatives de supprimer la viande des cantines scolaires. A Lyon, après les confinement covid, la mairie avait essayé, ça avait fait un tollé... Mais la tolérance des habitants aux politiques animalistes Bisounours a souvent ses limites. Souvenez -vous de cet épisode qui avait défrayé la chronique strasbourgeoise, en 2021 : une élue verte de la ville avait défendu en conseil municipal une approche " bienveillante des animaux liminaires ", ceux qui sans être domestiques, partagent l'espace de vie des humains, à savoir rats, punaises de lit et autres cafards, dont elle dénonçait les intolérables souffrances. C'était mal passé.
Les maires écologistes concernés, mais aussi le parti Les Ecologistes - EELV se sont félicités publiquement de ces Oscars de la condition animale
Oui, parce que le pari arrive aussi en tête du classement de L214 des formations politiques les plus animalistes. Mal leur en a pris. C'était peut-être un cadeau empoisonné. Ainsi le maire de Grenoble, Eric Piolle, tout à sa célébrations des victoires zoologiques de sa ville a-t-il reçu se une volée de bois vert sur les réseaux sociaux, sur le thème : c'est vraiment sympa de vous soucier des animaux, mais les Humains, quand est-ce que vous y pensez ?
C'est vrai qu'il y a des comparaisons qui font mal. Grenoble, première ville de France au classement pour le bien être animal, a aussi obtenu l’an dernier, en 2024, le titre de championne de France des vols avec armes, avec près d’une centaine d’affaires en un an. La ville est gangrenée par le trafic de drogue, elle défraie la chronique pour ses régulières fusillades et explosions de violence. C'est aussi un paradis pour d'autres comportements animaux. C'est la ville qui compte en France le plus de règlements de comptes. Six fois plus que la moyenne nationale pour les grandes villes. Pour les habitants excédés, le sort des pigeons de la place Grenette, ça leur fait une belle jambe.
Ce n'est guère mieux à Lyon.
En 2023, dans le classement de l'attractivité des villes réalisé par le magazine Challenges, le Lyon de Grégory Doucet avait enregistré une spectaculaire dégringolade, se classant 39e sur 40 ! Pour la délinquance, elle se classait même bonne dernière. La municipalité verte a dû opérer un virage radical sur la vidéosurveillance tellement la situation sécuritaire se dégrade. Les maires écologistes peuvent se féliciter d'être à la tête de " villes pionnières qui change la vie des animaux"... Le retour à la réalité sera sans doute cruel pour les prochaines municipales. Personne n'a encore prévu de faire voter les animaux liminaires ou les poulets épargnés par la cantine.