Tout change et rien ne change

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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Vous revoilà, Emmanuelle Ducros, pour une nouvelle saison de Voyages en Absurdie. C’était bien ces vacances ?

C’était super, je suis revenue hier soir en pleine forme, pleine de bonnes résolutions, avide de renouveau. Le sentiment que tout est possible.

Bon, ça n’a pas duré. J’ai vite été rattrapée par la réalité. Pour ce qui est des changements, grosse déception. Après deux mois d’absence, j’ai retrouvé à peu près tout où je l’avais laissé. Je pars, le Gouvernement avait démissionné. Je reviens, il est démissionnaire, mais toujours là. Vous me direz, deux mois sans nouvelle norme, sans nouvelle taxe qui vienne s’empiler sur les précédentes, c’est peut-être ça les vraies vacances dont la France avait besoin

Il y en a qui ont bien envie de changer tout ça, de tout secouer, qui reviennent de vacances comme vous, avides de nouveauté !

Vous parlez du NFP ? Ces gens qui veulent tellement tout changer qu’ils ont décidé de commencer par l’arithmétique niveau cours moyen? Qui sont persuadés qu’un quart des voix à une élection, ça s’appelle maintenant une majorité ? Oui, effectivement, ils sont dans les starting blocks.  Mais à mon avis, eux aussi vont avoir des désillusions dans leur grande soif de changement. Prenez Lucie Castets, par exemple. Elle va être victime comme moi de la grande déception de la rentrée, ce qu’on appelle aussi le syndrome du maître nageur.

Le syndrome du maître nageur ?

Oui, on tombe amoureux sur la plage du maître nageur, splendide, bronzé.  Et on s’imagine que toute la vie va changer au retour des vacances. On s’est fait des promesses, on va se revoir à la rentrée, on a des étoiles dans les yeux. Mais le maître nageur, en septembre, il est tout pâlichon et il a troqué son flotteur contre un pass navigo et la grande histoire d’amour des vacances échoue invariablement dans la banalité.

Lucie Castets c’est pareil : elle s'est monté le bourrichon tout l’été sur la grande histoire qui l’attendait à la rentrée, à Matignon. Elle s’y voit, elle y est. Elle va  retourner le cœur brisé à la direction financière mairie de Paris. Adieu maître nageur. Je vous le dis : le changement de la rentrée, c’est une illusion.

Merci, vous nous plombez le moral dès le premier jour de la rentrée.

Ne soyez pas négatif, comme ça... Faites comme moi. Puisque l’envie de changement est déçue, je me cherche une philosophie. J’essaie d’envisager la situation comme un moine bouddhiste zen. De trouver la sérénité dans la permanence des choses. De déceler un motif de satisfaction dans la certitude que tout n’est qu’un éternel recommencement.

Vous planez.

Pas du tout ! La dette publique, la crise agricole, la crise climatique, la contamination de notre vie politique par le conflit israélo palestinien, la bordélisation de l’Assemblée par l’extrême gauche, les absurdités wokes en roue libre, tout est encore là, sera encore là demain, ou dans un mois, dans un an. Moi ça me rassure au moins sur un point : j’aurai toujours des choses absurdes à raconter chaque jour aux auditeurs d’Europe 1.

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