Georges Clemenceau eut d'innombrables maitresses… Cela ne l'empêcha pas d'être d'un parfait cynisme et d'une effroyable cruauté à la première incartade de son épouse américaine Mary Plummer.
Si Georges Clémenceau a été un grand homme, il a aussi été absolument abject avec son épouse. Elle s’appelait Mary Plummer. Américaine née en 1849, orpheline, elle fut élevée par son oncle, un négociant prospère nommé Horace Taylor.
Il l’envoya dans une école pour jeunes filles à Stanford, dans le Connecticut. C’est là que parmi ses professeurs, elle remarque un jeune français bourré de charme. Georges Clémenceau est un ardent républicain, venu aux Etats-Unis non seulement parce que l’Empire n’est pas sa tasse de thé (la France est alors sous le régime du Second Empire) mais aussi parce qu’il a envie de voir comment fonctionne le système politique américain.
Un mariage peu apprécié
Clémenceau est médecin de formation mais dans cette école de jeunes filles, il donne des cours de français, d’histoire et, plus surprenant, d’équitation. A l’époque, Marie a 17 ans et Clémenceau a sept ans de plus qu’elle. Les deux jeunes gens tombent amoureux et voudraient se marier mais ils se heurtent à l’oncle Horace, encore responsable de Marie.
L’oncle ne veut pas entendre parler de mariage : Clémenceau est un libre penseur, en plus d’être un anticlérical notoire. Or, Horace Taylor est un vrai WASP (l’acronyme de white anglo-saxon protestant, les Américains protestants, blancs et aisés de l’époque) et ne voit pas cette union d’un bon œil.
Clémenceau repart en France, un peu dépité. Sur le quai du bateau, il demande à Mary de choisir entre Dieu et lui et repart tristement. Quelques semaines plus tard, il reçoit un télégramme de la jeune femme : « Je préfère vous ».
Il retourne aux Etats-Unis et les deux jeunes gens se marient à New-York en juin 1869. De cette union naissent trois enfants : Madeleine, Thérèse et Michel, qui naissent en France, entre 1870 et 1873.
Les infidélités de Clémenceau
Mais même s’il est devenu père de famille, Clémenceau n’en reste pas moins un coureur de jupons invétéré qui accumule les maîtresses. Actrices, danseuses, femmes du monde, artistes, tout y passe ! Quand il convoite la poétesse Anna de Noailles, il lui fait porter des œufs de poule assortis d’un petit poème : « De bons œufs à la coque, voici belle coquette. Etant un très bon coq, puis-je être la mouillette ? ».
Tout Paris est au courant des infidélités de Clémenceau et Mary ne tarde pas à l’être non plus. Elle commence par se rebeller, lui reproche ses absences et ses incartades. Sans résultat. Alors elle se résigne, laisse faire son mari et se console avec ce qu’elle a sous la main.
Dans le cas de Mary Plummer, il s’agit du précepteur de ses enfants. Il est discret, il est tendre, il s’intéresse à elle, et Mary tombe amoureuse. Malgré ses infidélités constantes, Georges Clémenceau ne supporte pas l’idée de passer pour un cocu à Paris. Pour lui, sa femme doit être irréprochable.
La descente aux enfers de Mary Plummer
Lorsqu’il apprend la relation de sa femme, Clémenceau se rend rue de Presbourg, où le jeune précepteur avait loué un petit meublé. Les deux amants en étaient seulement à leur deuxième rendez-vous et Clémenceau s’y rendit accompagné d’un commissaire de police. Mary Plummer est arrêtée et passe quinze jours en prison.
Pendant le séjour de Mary en prison, Clémenceau obtient le divorce et la garde des enfants. Elle est déchue de la nationalité française et étant désormais américaine condamnée à une peine de droit commun, il obtient qu’elle soit expulsée du territoire. Il la fait accompagner par deux gendarmes jusqu’à Boulogne, où elle embarque en troisième classe dans un bateau hollandais, direction les Etats-Unis.
Georges Clémenceau convoque ensuite ses enfants et devant eux, brûle toutes les lettres et toutes les photographies de Mary Plummer. Dans une rage folle, il détruit le buste de Mary.
"Un rideau à tirer."
Mary Plummer revient aux Etats-Unis mais ne renoue pas avec son oncle Horace, qui l’a reniée quand elle a choisi d’épouser un libre-penseur comme Clémenceau. On ne sait pas grand-chose de ses activités en Amérique mais elle revient vite à Paris, en 1900.
Elle s’installe dans un petit appartement rue de la Convention, mais elle est sans ressources. Elle meurt en 1922, dans une solitude totale.
A sa mort, Clémenceau écrit un petit mot à son frère : « Ton ex-belle-sœur a fini de souffrir. Aucun de ses enfants n’était là. Un rideau à tirer. » Après le décès de Mary Plummer, on découvrira qu’une pièce de son appartement était tapissée d’articles de journaux et de photos consacrées à son époux.