À Milan, une dispute entre parents et écoles sur la possibilité ou non d’emporter son repas dégénère.
Dans la presse internationale, une querelle italienne ou comment une banale histoire de sandwichs à l’école peut tourner à l’affrontement idéologique.
Parce que la question est hautement politique : est-on libre, ou non, de choisir ce que l’on mange dans une institution ? Des parents en Italie confrontent le système et la réponse ne va pas de soi.
Tout a commencé à Turin il y a quelques mois, une soixantaine de parents excédés de la qualité déplorable des menus de la cantine portent l’affaire devant un juge, qui leur répond en substance "si ça ne vous plaît pas, vous n’avez qu’à emporter vos sandwiches". Grave erreur car avec ce jugement une brèche s’est ouverte dans la règle commune, dans laquelle d’autres parents, à Milan cette fois, se sont engouffrés.
La semaine dernière, une maman envoie donc sa petite fille à l’école avec un sandwich. Un beau sandwich au thon, avec du pain complet et des tomates bio, l’enfant est toute heureuse, il paraît que ça sent le pourri à la cantine. Mais les professeurs ne l’entendent pas de cette oreille, ils lui interdisent de manger dans le réfectoire et l’envoie toute seule dans sa classe prendre son déjeuner. Plainte, drame et traumatisme de l’enfant qui aurait beaucoup pleuré. Le résultat ne s’est pas fait attendre, un mouvement se monte et on en parle dans la presse, au point que ça fait la Une en ce moment des journaux nationaux.
Et cela dégénère en bataille politique ?
Exactement, avec deux camps voire trois qui s’affrontent.
Il y a les tenants du tout collectif, ceux pour lesquels apporter son sandwich est contraire aux valeurs de l’école qui ne doit pas seulement apprendre à lire mais aussi, former de bon citoyens, et leur apprendre à manger sainement. C’est ce que pensent les autorités et le parti démocrate de centre-gauche.
En face, il y a les tenants du libre-choix. Pourquoi discriminer les végétaliens ou ceux qui veulent manger des chips. L’institution dépasse son rôle pour Forza Italia, le parti conservateur qui a sauté sur le débat.
Et puis il y a un troisième groupe, celui des parents d’élèves contraints de payer cher, 2,60 euros pour un repas médiocre. Imaginez quand vous avez trois enfants. Eux, font l’expérience de ce que d’autres ont déjà vécu, l’idéal de la cantine pour tous. C’est moins ragoûtant quand on n’a pas les moyens d’en payer le coût.