En Norvège et en Russie, les rennes subissent disparaissent sous le double effet du réchauffement climatique et d'une épidémie d'anthrax.
La Norvège se demande si le Père Noël devra bientôt tirer tout seul son traîneau. Le réchauffement climatique affecte dangereusement les populations de rennes qui vivent près du pôle.
Des chercheurs ont observé une tendance très inquiétante sur l’archipel du Svalbard, à un millier de kilomètres du pôle nord. Pendant 16 ans, ils ont capturé chaque année une centaine de rennes pour les étudier, et le verdict a été dévoilé hier : ils ont perdu, au long de ces années, 12% de leur masse corporelle. En clair, un reine adulte de 55 kilos en 2000 n'en pèse plus que 48 aujourd’hui.
En fait, ils meurent de faim en hiver. Les mères n’ont pas de quoi se nourrir car la température se réchauffe. La glace fond, forme de l’humidité. Plus de pluie cela veut dire plus d’eau qui recouvre le manteau neigeux, une eau qui gèle ensuite formant une couverture de glace trop épaisse pour que les animaux puissent atteindre leur nourriture : les mousses, les lichens dont ils se nourrissent pendant 8 mois de l’année. Un sabot de rennes peut creuser 2 centimètres de glace, mais pas davantage. Résultat les bêtes malades, les plus vieilles meurent en nombre important, et la jeune population est sous-alimentée. Des troupeaux entiers s’anémie.
Attendez, c'est affolant. Est-ce qu’on risque de voir disparaître les rennes ?
Pas à court terme : parce que curieusement, leur population augmente : en hiver ils se nourrissent difficilement, mais au printemps, à cause du réchauffement, c’est la fête ! La végétation explose, ils ont beaucoup plus de nourriture, et se reproduisent davantage. D’ailleurs, la colonie étudiée en Norvège s'est étendue. Simplement la mortalité des rennes augmente, ils sont plus fragiles, et ils sont plus petits. Et cela confirme finalement, ce qu’on observe en Sibérie depuis plusieurs années, déjà. Dans la péninsule du Yamal, qui s’avance dans l’océan arctique, 60.000 rennes sont morts de faim pendant l’hiver 2013, il y en avait eu 20.000 en 2006, faute de pouvoir creuser la glace. Mais la population ne s’est pas réduite, et surtout un autre danger est apparu.
Une épidémie ?
Une épidémie d’anthrax, absolument. Le bacille du charbon, qu’on croyait éradiqué depuis 70 ans, est réapparu. On pense qu’il a été libéré d’un animal infecté a cause du réchauffement, quand le pergélisol a fondu. Et les autorités prévoient d’abattre la-bas 100.000 rennes d’ici Noël, a la fois pour stopper la propagation de la maladie et la destruction de l'environnement. Les températures ont augmenté d’un demi-degré dans la péninsule, et la population de rennes a plus que doublé. Les herbes qu’ils mangent et qui protègent le pergélisol n’ont plus le temps de se renouveler et la glace fond plus vite.