Chaque matin, Géraldine Woessner donne un coup de projecteur sur ce qui fait l'actualité à l'étranger.
Dans la presse internationale vendredi, un drame en Italie jette une lumière crue sur l’application du droit à l’avortement dans ce pays.
Ce droit est de plus en plus menacé dans la péninsule. C'est ce que révèle cette tragédie rapportée, assez pudiquement encore, par les plus grand journaux. Une jeune femme est morte le week end dernier, alors qu’elle tentait de mettre au monde ses jumeaux, des bébés grands prématurés.
Après une grossesse qui s’est mal passée, l’accouchement s’est déclenché à 19 semaines seulement. Tout s’est accéléré : la mère et l’un des enfant étaient en détresse. Il aurait fallu en avorter un pour la sauver mais le médecin, selon l'avocat de la famille, a refusé alors de le faire en invoquant l’objection de conscience : "je ne ferai pas un geste tant que son cœur battra". Les trois victimes sont finalement mortes après des heures de souffrance.
L’objection de conscience, cela veut dire qu’il pouvait refuser d’intervenir ?
C’est ce que la justice devra trancher. L’objection de conscience existe en Italie, comme en France d'ailleurs et les médecins peuvent l’évoquer pour refuser de pratiquer un avortement. Il s'agit en fait d'une concession accordée en 1978, dans ce pays très catholique, pour que la légalisation soit adoptée.
Dans le cas de cette femme, il ne pouvait pas l’invoquer car la vie de la mère était en danger. Mais au-delà de ce cas particulier, il y a cette brèche qu’a laissé la loi, commentée dans toute la presse. Si cela pose peu de problème en France, en Italie, 70% des gynécologues sont objecteurs de conscience, un taux qui atteint 88% dans le sud du pays. Concrètement, l’avortement est donc légal mais il n’est applicable que dans 6% des centres médicaux du pays.
Le conseil de l'Europe s'en est alarmé par deux fois sans que rien ne change pour l’Instant. Des femmes font toujours la queue dès 5 heures du matin pour bénéficier d'un rendez-vous. Le nombre d'avortements s’est effondré depuis 1984, de 230.000 à moins de 100.000 l'an dernier, en même temps que le nombre de fausses couches explosait. Et ce qui émeut le plus la presse aujourd’hui, c'est que ce sont les femmes les plus démunies, qui n’ont pas les moyens de se rendre à l’étranger, qui avalent n’importe quoi pour se faire avorter.