Alors qu'ils sont riches à millions, les hommes d'affaire de San Francisco souhaitent faire voter une loi pour voir disparaitre les sans-abris de la ville.
Dans la presse internationale, un projet de loi soutenu par plusieurs légendes de la tech à San Francisco déconcerte ceux qui se préoccupent des plus démunis. Il veulent tout simplement bannir les sans-abris de la ville.
Voilà, les mettre dehors. Il faut dire que ça fait tache ces tentes qui prolifèrent sur les trottoirs du centre, à 300 mètres des grands magasins et à 600 mètres seulement du siège de Twitter, l’un des fleurons de la Sillicon Valley. Les inégalités explosent à San Francisco et ces pauvres sans-logis qui ne peuvent plus supporter la flambée des loyers, deviennent de plus en plus visibles. Comme on a construit partout à San-Francisco pour caser la crème de l’économie du futur, les laisser-pour-comptes ne savent plus où aller et leurs tentes s’entassent dans le centre-ville avec 6.700 sans-abris au dernier recensement. C’est un vrai problème, qui indispose donc certains milliardaires soi-disant progressistes. Michael Moritz et Ron Conway, qui financent tous les deux la campagne de Clinton, veulent voir disparaître ces tentes. Ils ont donné chacun 50.000 dollars pour financer ce projet de loi. Eux qui ont gagné des milliards en investissant dans Google, YouTube ou Paypal.
Des business angels qui n’ont rien d’angélique. Comment est-ce perçu là-bas ?
Vous avez deux types de réactions. L’indignation pure que relaient certains médias comme le San Francisco Chronicle, qui note la cruauté de leur proposition. Si la loi est adoptée, les sans-abris auront 24 heures pour démonter leur tente, rejoindre un foyer ou prendre un ticket de bus pour ailleurs, où ils voudront. Et ce sera ailleurs, car la ville n’a que 1.200 lits d’urgence et ne prévoit d’en ouvrir que 900 de plus les deux prochaines années. Et puis il y a ceux qui regardent ailleurs, qui soutiennent que c’est une façon de les aider, regardez, des stars de la tech donnent de l’argent, c’est une mesure sociale. On ne sait pas si cette loi va passer, mais ce qui est certain c’est que la condition des plus pauvres ne va pas s’améliorer et c’est ce qui choque le plus dans la démarche de ces milliardaires branchés, leur cynisme éclate finalement en plein visage.
Il faudrait 200 millions de dollars pour loger ces sans-abris et, à lui seul, Ron Conway a 15 fois cette fortune. Que font-il de cet argent curieusement acquis, par la simple augmentation de la valeur de leurs actions ? Il le versent à des organismes de charité, ce qui leur permet à la fois d’être admirés et de défiscaliser leur dons, mais le gouvernement, les pauvres sous leurs fenêtres, ne font clairement pas partie de leurs priorités.