Chaque samedi, Allain Bougrain-Dubourg fait le point sur une question environnementale. Aujourd'hui, la problématique des déchets déversés dans les forêts françaises.
Tout récemment, l'ONF (Office National des Forêts) de l'ouest de l'île de France, lançait un appel au secours contre les dépôts sauvages en forêt.
Oui, l'ONF constatait que, sur les seules forêts de Marly et Saint Germain en Laye, ses agents étaient obligés de ramasser quelques 1 500 tonnes de déchets et dépôts sauvages, chaque année, ce qui représente un coût de 500 000 € pour l'ensemble des forêts de l'ouest parisien.
Des mesures ont pourtant été prises
Oui, on a limité l'accès des camionnettes aux parkings des forêts. On a mis des enrochements pour réduire les stationnements. On a même placé une vingtaine d'appareils photos à déclenchement automatique pour identifier les intervenants. Mais, visiblement, tout cela reste insuffisant.
Cette pollution n'est pas propre à la région parisienne.
L'association des maires de France avait évalué à 63.000 tonnes le poids des déchets sauvages dispersés en France, chaque année, l'équivalent de 6 tours Eiffel. Sans parler évidemment des milliers de tonnes supplémentaires non recensés. En tout, on doit atteindre les 100.000 tonnes. Je voudrais souligner qu'une grande partie de ces déchets (environ 80 %) se retrouvent, plus tard, en mer, comme le rappelle l'ONG Surfrider
Le pire, c'est que les déchets appellent les déchets.
Oui, c'est notamment ce qu'a constaté l'association Robin des bois qui donne l'exemple d'une simple tôle laissée en forêt ; quelques jours plus tard, elle est recouverte de gravats, de vieux sanitaires, de déchets de bricolage, etc... Et, au delà des risques de pollutions ou d'incendie, il y a aussi un impact avéré sur la faune qui se fait piéger dans les déchets.
Il existe pourtant une réglementation
Effectivement, les dépôts sauvages sont interdits depuis la loi du 15 juillet 1975 sur les déchets (il y a 43 ans!) mais les contraventions sont souvent de l'ordre de 1 500 € alors qu'elles pourraient atteindre le maximum fixé, soit 75.000 euros, assorties d'une peine de deux ans de prison. Vous avez même des entreprises illicites qui prélèvent de l'argent en prétendant conduire des déchets de travaux dans des déchetteries et qui vont tout simplement les cacher en forêt.
On ne peut pas identifier les pollueurs ?
C'est très difficile, car il faudrait renforcer la police de la nature déjà surchargée, mais certains maires ne lâchent rien et mènent des enquêtes pour remonter la filière. Il y a eu notamment le maire de Mogneville, dans l'Oise, qui s'est taillé une belle réputation en redéposant les déchets déposés dans la nature devant le domicile d'un contrevenant.
Peut-on espérer en finir avec ces déchets sauvages ?
L'espoir vient de l'Europe avec une directive, datant de 2008, qui obligera le recyclage des déchets ménagés et assimilés à 50 % d'ici 2020. Si c'est appliqué, on progressera. En attendant, au début de l'année prochaine, un référentiel pour lutter contre les décharges sauvages sera communiqué aux collectivités par le Ministère de la transition écologique et solidaire. On progresse.
Vous nous recommandez un événement pour les prochains jours.
À partir de mardi prochain, l'incontournable Festival de Ménigoute, dans les Deux-Sèvres. Une multitude de films animaliers, des conférences, des expositions, la présence des associations de protection de la nature. C'est le rendez-vous annuel des naturalistes.