Chaque week-end à 7h25 sur Europe 1 et CNEWS, Vanessa Zha nous donne de nouvelles idées de balade. Direction Chartres ce dimanche.
On part ce métier à Chartres qui a reçu cette semaine le Label Ville et métiers d’art.
Oui, ce qui fait que Chartres rejoint les 500 communes qui sont déjà dotées de ce label national. Des villes qui sont des véritables viviers d’artisanat "d’excellence". Et l’un des métiers d’art qui caractérise Chartres, c’est évidemment l’art du vitrail. Chartres est même la capitale du vitrail. Et sa Cathédrale Notre-Dame en est le plus bel exemple.
Une véritable "Bible de verre" ! Je vous la résume en quelques chiffres car ça donne le tournis : on compte 176 vitraux sur 2600 m2 et 5000 personnages représentés !
Et les vitraux datent tous de la même époque ?
Pas tous, c'est ce qui les rend intéressants. Ces vitraux sont comme les pages d’un livre d’histoire : celui de la Cathédrale et de la ville.
Il existe 4 verrières d’origine, de style roman qui datent du 12em siècle. L’une d’entre elles est emblématique. A tel point qu’on la surnomme la Joconde des vitraux : C’est Notre-Dame de la Belle verrière, ou l'on peut observer la Vierge Marie tenant l’enfant Jésus sur ses genoux. Elle mesure 7,50 mètres de haut. Mais plus que ça, c’est une ambassadrice. La Vierge Marie est habillée d’un manteau bleu, mais bien plus clair et lumineux que celui des autres vitraux. Ce bleu, c’est le fameux bleu de Chartres, qui fabriqué à partir du cobalt importé de Russie.
D’ailleurs petit conseil : pour la photographier tout en captant au maximum ce bleu de Chartres, le meilleur moment, c’est juste à la tombée du jour.
Quant aux autres vitraux ?
Ils datent du 13eme siècle. La Cathédrale romane est en grande partie détruite par un incendie en 1194. Et c’est à ce moment-là que l’on construit la Cathédrale gothique. Tous les vitraillistes mettent la main à la patte pour construire l'ouvrage. Chaque corporation veut avoir son vitrail et sa signature. D’où les différents styles et les métiers représentés.
Pour la petite anecdote, la corporation la plus représentée sur les vitraux est celle de boulanger. 5 fois. Et voilà en synthèse comment Chartres est devenue le centre de production de vitrail depuis le moyen-âge. D’ailleurs si vous avez envie de percer un peu plus en profondeur le monde des vitraux, il faut pousser les portes du centre international du vitrail, un complément indispensable.
Il existe encore des maitres-verriers, mais peut-on aussi pousser leurs portes Vanessa ?
Oui et je vous incite justement à le faire, certains ont même participé à la restauration des vitraux comme les ateliers "Loire", "Petit" ou "Lorin". J'ai un léger penchant pour la maison Lorin qui existe depuis 150 ans, qui travaille en liens étroits avec les monuments historiques et qui rayonne à travers le monde surtout avec 6000 chantiers à son actif. Assez intéressant pour appréhender les créations contemporaines.
Et puis j’ai envie de vous dire que la plus belle manière de les voir encore vivre ces vitraux, c’est de participer à Chartres en Lumières, qui a lieu exceptionnellement cette année jusqu’à fin décembre. Vous pourrez admirer 23 sites du patrimoine illuminés. Rien que la Cathédrale vous propose quatre scénographies en boucle. Deux sur le portail royal, un sur le portail sud et l’autre sur le nord.
Cette dernière est l’une des plus classiques mais elle a le mérite de mettre en avant et en lumière tout le travail minutieux des bâtisseurs de cathédrales, dans les moindres détails. Assez hypnotisant, même sous la pluie, vous restez planté devant.
D’autres scénographies coup de cœur ?
Dans un tout autre genre, je vous conseille le Musée des Beaux-arts, parce qu’il revient sur les moments forts et les combats de Jean Moulin qui a résisté contre les nazis à Chartres. Et puis pour déambuler dans la basse ville les sites des bords de l’Eure avec les ponts et les lavoirs qui sont scénarisés eux aussi. Vous verrez, c'est assez féérique et poétique.