"The Earth Archive", ou comment léguer aux générations futures une sauvegarde de ce qui constitue notre monde

2:30
  • Copié
SAISON 2019 - 2020, modifié à

Comme nous ne serons peut-être pas en mesure d’endiguer le réchauffement climatique, un archéologue américain  a décidé de créer un programme afin d’archiver notre planète. 

La Terre, âgée de plus de 4 milliard d’années, a subi en l’espace d’un siècle des changements catastrophiques liés aux activités humaines. Bien que nous en ayons aujourd’hui conscience et que des actions soient prises pour inverser le processus que nous avons enclenché, nous devons nous préparer à l’idée qu’il est possible d’échouer. Nous ne serons peut-être pas capables d’endiguer le réchauffement climatique, d’empêcher la fonte des glaces et la montée des océans, d’achever une véritable transition écologique ou d’arrêter la déforestation.

"Une sauvegarde de tout ce qui constitue notre monde actuel"

Nous nous réveillerons peut-être un matin, en expliquant à nos enfants, nos petits-enfants, et eux aux leurs, que de gigantesques forêts couvraient le monde, qu’elles étaient peuplées d’une infinité d’êtres vivants, tous plus colorés, plus vifs, plus surprenants et plus réels les uns que les autres. Nous n’oublierons pas non plus de leur parler de notre propre histoire, celle de l’humanité, en racontant nos souvenirs de villes gigantesques qui ne seront plus que des ruines, englouties par les mers. Ces souvenirs deviendront ensuite des fables, puis des légendes, à tel point que tout ce que nous sommes aujourd’hui disparaîtra, emporté par les sables du temps.

Espérant le meilleur, tout en se préparant au pire, Chris Fisher, un archéologue américain enseignant à l’université du Colorado, a décidé de créer un programme afin d’archiver notre planète. Ce programme, qu’il a baptisé "The Earth Archive", a pour objectif d’immortaliser la Terre telle qu’elle est, et léguer aux générations futures une sauvegarde de tout ce qui constitue notre monde actuel.

Scanner des bâtiments pour les archiver

Cette idée lui est venue en 2009, a la suite de fouilles au Mexique qui ont permis la découverte d’une ville fondée par la civilisation Purépecha. Les bâtiments étaient si nombreux qu’il aurait fallu une dizaine d’année avant de tous les répertorier. C’est alors que Chris Fisher découvrit la méthode LiDAR (Light Detection and Ranging), qui permet de cartographier une zone en trois dimensions en la survolant. Le système envoie des rayons infrarouges au sol qui permettent de scanner les différents reliefs.

45 minutes ont suffit à capturer les détails de la cité : ses bâtiments, ses pyramides, ses routes et ses chemins, épargnant ainsi aux équipes de nombreuses années de recherche. La méthode LiDar, créée dans les années 60, est devenue une référence pour les archéologues au cours des années 2000, car elle permet de repérer des ruines en survolant simplement la canopée.

Cette technologie est aujourd’hui utilisée pour créer des copies numériques de monuments à travers le monde. La Cathédrale de Notre Dame a par exemple été sauvegardée en 2010, et cette sauvegarde est la seule qui puisse témoigner de sa splendeur à la suite des tristes événements qui ont eu lieu en avril dernier. Le temps passe, les choses changent, les mémoires aussi ; c’est précisément la raison pour laquelle Chris Fisher s’est lancé dans ce programme pharaonique de conserver une copie de la Terre et de notre civilisation.

Un futur fil d'Ariane pour un monde meilleur ?

Bien sûr, ce projet n’en est qu’à ses balbutiements, et de nombreuses entraves pourraient l’empêcher d’arriver à son terme. En effet, cette méthode reste particulièrement coûteuse, et des travaux de cette envergure sont tout simplement inenvisageables sans financement. Un autre frein non négligeable est le temps lui-même. Comment pourrions-nous cartographier entièrement notre planète sans que cela ne prenne des dizaines, voire des centaines d’années ?

C’est sans parler des accords politiques internationaux que requiert un projet comme celui-ci, et certains pays pourraient tout bonnement refuser de participer. Il n’en reste pas moins que cette idée pourrait être la seule qui permette de conserver une trace de notre si belle planète, et peut-être un jour servir de fil d’Ariane pour un monde meilleur.