Cécile Duflot a annoncé jeudi qu’elle quittait la politique pour prendre la tête d’Oxfam France. Sa retraite politique signe la fin de l’histoire des écologistes comme force politique.
Drôles de croisements. Nicolas Hulot est venu de la télé et de l’engagement associatif pour endosser le costume, sans cravate, de ministre de la Transition écologique. Cécile Duflot a pris coups et contrecoups à gérer les Verts, puis un ministère sous François Hollande. Elle s’est pris une gifle aux primaires de son parti à la dernière présidentielle, puis une autre encore aux législatives. La politique l’a boudée. Elle lui tourne le dos aujourd’hui.
Qui des deux sera le plus heureux dans sa nouvelle vie ? À priori pas Nicolas Hulot qui à chaque interview répète que "c’est rude d’être ministre, d’être en médiation permanente, de combiner des enjeux qui peuvent paraître incompatibles etc." Et encore n’est-ce rien, comparé au regard médiatique posé sur lui, pour le pire et rarement le meilleur. Cécile Duflot assure quant à elle quitter la politique avec "sérénité".
Splendeur et misère des Verts. Par un malheureux concours de circonstances, l’annonce de sa retraite politique est venue se télescoper avec la garde à vue de Jean-Vincent Placé, ex-dirigeant écolo lui aussi, arrêté en état d’ébriété dans un bar parisien. Des verres et beaucoup de dégâts. De quoi signer, avec le retrait de Cécile Duflot, la fin du mouvement écolo comme force politique. Cécile Duflot est l’une de celles qui a porté au plus haut Europe Ecologie Les Verts, notamment en passant un accord en or avec Martine Aubry pour les législatives de 2012.
Elle l’a aussi mené au plus bas, à force de jeux politicards dans lesquels elle a enfermé son parti, de détestations personnelles, contre Manuel Valls ou encore contre Nicolas Hulot, dont elle torpilla la candidature à la présidentielle lors de la primaire des verts de 2012.
La victoire des idées. Mais l’écologie ne disparaît pas avec elle. C’est le paradoxe : Europe Ecologie les Verts est aujourd’hui réduit à peau de chagrin, et coincé entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon. Ceux qui s’en sont sortis l’ont fait en abandonnant leur étiquette. Mais leur combat a porté ses fruits : défense de l’environnement, de la biodiversité, lutte contre le réchauffement climatique. La nécessité de ces luttes irrigue désormais tous les partis. Les avancées sont lentes, beaucoup trop lentes, mais si l’écologie force politique est portée disparue, la pensée écologiste existe aujourd’hui. Antonio Gramsci affirmait que toute victoire politique est précédée d’une victoire culturelle. Les écolos font l’amère expérience inverse : ils ont perdu politiquement mais ont remporté indéniablement la bataille culturelle de l’écologie.