Marine le Pen fêtera le 1er mai à Nice en compagnie de ses alliés et amis européens. Des alliés qui défendent, selon elle, "l’identité et la souveraineté des nations", et qui lui donnent des raisons d’espérer.
Marine Le Pen a pour lui les yeux de Juliette, il serait son Roméo. Lorsque l’italien Matteo Salvini remporta début mars, une victoire historique (37% pour sa coalition), la patronne du Front national s’est contentée d’un tweet, "chaleureuses félicitations", d’un texto à son attention, "pensées amicales et très politiques", a-t-elle précisé. Fan de Dalida, elle aurait pu lui chantonner Come prima.
Tout miser sur un discours anti-immigration
Pourtant le numéro 1 de la Ligue du Nord ne sera peut-être pas aux côtés de Marine le Pen, mardi 1er mai à Nice, pour assister au grand rassemblement des partis populistes et souverainistes de toute l’Europe. Malgré son succès électoral, Rome se refuse encore à lui. Les tractations en vue d’une coalition de gouvernement se poursuivent, même si aujourd’hui, ils ne tournent plus vraiment autour de lui.
Si Marine le Pen espère sa présence, c'est parce que Salvini incarne la voie de la réussite. Il a pourtant commencé par s’inspirer d’elle. Quand il accède à la tête de la Ligue en 2013, outre qu’il exécute quelques pas de danse avec sa présidente, c’est le FN qu’il prend pour modèle pour casser son image régionaliste de Ligue du Nord, afin de se nationaliser. Matteo Salvini n’est plus le leader de la fracture territoriale italienne, mais celui de toutes les fractures engendrées selon lui par l’immigration. Une immigration mise à toutes les sauces, responsable et coupable de tout : appauvrissement, perte d’identité, invasion. Du coup, même le discours anti-européen passe au second plan.
Une inspiration pour Marine Le Pen
Aujourd’hui, si c’est lui qui inspire désormais la présidente du FN, c’est que son parti populiste et anti-immigration est devenu le pivot de la droite - de toutes les droites - devançant largement Forza Italia du cavaliere Berlusconi. Forcément, Marine Le Pen aimerait faire un parallèle. Elle fait un rêve : et si c’était autour d’elle que se jouait la recomposition des droites ici, en France ? On n’en est évidemment pas là, parce que les Républicains représentent une force historique, culturelle, politique et électorale qui n’est pas abîmée comme le sont les partis de centre droit italiens. Et parce qu’à leur tête, Laurent Wauquiez continue d’affirmer qu’il n’est nullement question d’alliance.
Mais si Marine le Pen se rend effectivement à Cannes et Nice mardi, outre qu’elle s’évite pour une fois de croiser pour son père à une célébration de Jeanne d’Arc (lui sera à Paris, comme d’habitude), c’est qu’elle va y retrouver tous ses partis-frères : italiens, autrichiens, allemands… En devenant mono-thématique (anti-immigrés et anti-réfugiés pour seul programme), ce sont eux qui ont le vent en poupe en Europe, jusqu’à parvenir aux portes du pouvoir, voire au pouvoir pour certains. Pour la cheffe frontiste, c’est une raison d’espérer. Aux élections européennes de l’an prochain, il n’est pas dit que Marine Le Pen ne remportera pas au moins une victoire continentale