La véritable histoire de Marthe et Pierre Bonnard, une histoire d'amour et de secrets

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SAISON 2023 - 2024, modifié à

Stéphane Bern raconte un couple d’artistes qui s’est emmêlé les pinceaux, une muse qui s’est arrangée avec la vérité et un peintre qui l’a largement représentée. Ou la véritable histoire de Marthe et Pierre Bonnard, une histoire d’amour et de secrets…
Quel artiste était Pierre Bonnard ? Que nous racontent les innombrables toiles sur lesquelles il a représenté Marthe ? Quels mystères entourent ce couple aujourd’hui encore ?
Pour en parler, Stéphane Bern reçoit Stéphane Guégan, historien et critique d’art, conseiller scientifique auprès de la présidence du musée d’Orsay et de l’Orangerie et auteur de la monographie "Bonnard" (Editions Hazan)

Nous sommes le 13 août 1925. À la mairie du 18e arrondissement de Paris, un couple s'apprête à prononcer ses vœux. La célébration est modeste, discrète, bien éloigné des mariages bourgeois traditionnels. Aucun ami ni aucun membre de leur famille n'est convié au mariage de cet homme et de cette femme qui ont choisi de s'unir après avoir passé déjà une grande partie de leur vie ensemble.

Lui, c'est Pierre Bonnard, un peintre iconoclaste qui se cherche perpétuellement et n'adhère jamais à aucun mouvement. Âgé de 58 ans, c'est un bourgeois bien mis, avec ses lunettes et sa barbe taillée. Elle, c'est Marthe Bonnard, un nom qui lui restera.

Mais cette femme frêle de 56 ans en a pourtant bien d'autres en tant qu'artiste. Elle s'est par exemple renommée Marthe Solange, en empruntant le prénom de sa grand-mère, et quand elle a rencontré Pierre elle s'est présentée en tant que Marthe de Méligny, une orpheline aristocrate de 16 ans. Elle en avait en réalité 24, était issue du milieu rural du Berry. Il subsiste un dernier nom qu'elle n'a pas choisi et qu'elle s'emploiera toute sa vie à cacher : Maria Boursin.

Dans les peintures et photographies de Pierre Bonnard, Marthe apparaît nue fréquemment. Mais cette nudité ne serait-elle pas un masque pour cacher qui elle est vraiment ?

C’est au moment de leur mariage que Pierre découvre le pot aux roses. En effet, pour de simples raisons administratives, Marthe doit montrer ses papiers. Cette découverte d'un mensonge qui dure depuis une trentaine d'années en aurait découragé plus d'un, mais pas Pierre. L’union est prononcée et le couple restera ensemble jusqu'à la mort de Marthe en 1942.

Pendant presque 50 ans, Pierre va peindre Marthe et Marthe va s'offrir au regard de Pierre dans un monde en vase clos, dont les peintures de l'artiste révèlent quelques secrets. C’est avec Marthe que le nu surgit dans l'œuvre de Pierre Bonnard et alors même qu'elle est âgée, il continue de la peindre, faisant de nous public les voyeurs d'une intimité peu partagée.

Car Marthe et Pierre semble se suffire l'un à l'autre : ils voyagent partout ensemble et referment sur eux les portes de leur royaume. Un royaume que sublime Pierre dans ses tableaux, où d'intenses couleurs transforment les ustensiles d'un quotidien classique en symboles oniriques.

Comment ce couple étonnant s'est-il rencontré ? Pourquoi se sont-ils mariés après une trentaine d'années de vie commune alors que Pierre voyait d'autres dames et surtout, que nous révèlent les toiles de Pierre sur la vie que menait ensemble la muse et l'artiste qu'elle inspirait ? Mais commençons par le commencement.

Un peintre au succès rapide

Pierre Bonnard naît en 1867 à Fontenay-aux-Roses, en banlieue parisienne, d'un père fonctionnaire au ministère de la guerre et d'une mère femme au foyer. Il a un frère aîné grâce auquel il échappera au service militaire mais c'est surtout de sa sœur cadette, Andrée, qu'il est proche. Elle sera d'ailleurs le sujet de certaines de ses œuvres.

Passionné de dessins dès son enfance, Pierre est d'abord poussé par son père vers une carrière plus pragmatique : il va devoir faire son droit. Mais sa passion le rattrape et en parallèle de ses activités, il est élève à l'Académie Julian, une école fameuse pour le nombre d'artistes primés à y être passés.

En 1889, il est reçu à l'Académie des Beaux-Arts, un autre pas vers son destin, bien qu'il n'abandonne toujours pas le droit. Entouré d'artistes passionnés, Pierre dessine, peint, illustre et commence à rencontrer le succès. En 1891, il a 23 ans et expose au Salon des Indépendants pour la première fois, avec un portrait de sa sœur Andrée. Puis c'est son affiche pour l'entreprise France Champagne qui est visible dans tout Paris. Payée 100 francs, cette commande apaise enfin les inquiétudes de son père, dont l'histoire raconte qu'il aurait même dansé de joie à l'idée que son fils puisse enfin vivre de son art. Plus gratifiante encore peut-être, l’affiche suscite l'admiration du peintre Henri de Toulouse-Lautrec. Il faut dire que ce dessin est remarquable de modernité et d'énergie.

Fort de ses succès, Pierre Bonnard décide enfin de se consacrer à l'art et installe son atelier rue des Batignolles, à Paris. Bonnard n'est pas seulement peintre il poursuit des travaux d'illustration et de décoration. Toutes les techniques l'inspirent. Il illustre notamment le Petit Solfège du compositeur Claude Terrasse, qui n'est autre que son beau-frère, l'époux d'Andrée. La petite famille de sa sœur lui inspire des scènes de vie quotidienne en montrant leur intimité.

La naissance des nabis

Au même moment, son ami Paul Sérusier, qu’il a rencontré à l'Académie Julian, revient d'un séjour en Bretagne avec un fascinant tableau, le « talisman » : L’Aven au Bois d’Amour, qu’il a lui-même peint sous la direction de son aîné Paul Gauguin, dont il a fait la connaissance là-bas . Gauguin lui a prodigué un conseil : ne plus chercher à imiter, créer sa propre logique picturale et ne pas hésiter à rendre ses couleurs plus intenses que la réalité.

À Paris, ce tableau fait naître bien des débats parmi les camarades peintres de Sérusier et Bonnard, qui se sont réunis dans le groupe de ceux qu'on appelle les Nabis, ce qui signifie « prophète ». Bien vite, tous suivent la voie ouverte par ce talisman aux couleurs éclatantes, dédaignent la volonté de capturer la réalité d'un naturaliste et impressionniste et s'éloignent du catholicisme occidental pour puiser l'inspiration dans l'art et la littérature des pays d'Asie.

Des surnoms leur sont attribués et Pierre devient le nabi très japonard. C’est vrai qu'il semble fortement influencé par l'art venant du pays du soleil levant  : ses estampes, ses paravents, ses compositions précises et ses couleurs éclatantes, comme on peut l'apercevoir aisément dans sa propre production. Peu à peu, le jeune artiste commence à se forger des amitiés et des réseaux, à se faire un nom et à vivre de son pinceau.

Bien sûr, sa vie n'est pas aussi opulente que celle dont son père rêvait pour lui, mais une vocation artistique n'est jamais bien raisonnable et puis bien lui en a pris : la réussite l'attend au tournant et il finit par le retrouver, son train de vie aisé.

Maria Boursin, future Marthe Bonnard

De son côté, Maria Boursin, qui deviendra la future Marthe Bonnard, naît deux ans après celui qui deviendra son mari, en 1869 à Saint-Amand, bien loin des quartiers bourgeois. Elle est issue d'une famille d'artisans du Berry : son père est charpentier, sa mère couturière.

Bonne élève, souvent première de sa classe, Maria a déjà une santé fragile. Elle souffre d'asthme, peut-être même d'une tuberculose jamais nommée , et ses origines modestes ne lui permettent pas de mener bien loin ses études. Sa vie est aussi très tôt marquée par le deuil : son père meurt alors qu'elle n'a que 6 ans, puis c'est son frère Amable et sa sœur Marie- Espérance qui disparaissent tour à tour.

Au début des années 1880, alors qu'elle est adolescente, ce qui reste de sa famille s'installe à Paris c'est à cette époque-là que Maria perd encore une autre sœur, Aline. C’est peut-être pour oublier le deuil et la misère dans laquelle elle a vécu qu'elle se réinvente sous un autre nom.

A l'âge de 26 ans, Maria travaille dans une usine de fleurs artificielles et c'est en se rendant à son travail qu'elle rencontre Pierre Bonnard et que sa vie bascule. Elle descend du tramway et Pierre, charmé par cette femme délicate aux allures d'oiseau, ose l'aborder. Il lui demande de poser pour lui. C’est d'ailleurs elle qu'on aperçoit sur la réclame qu'il dessine pour la Revue blanche en 1894 et bien vite, ils deviennent amants.

Les amantes de Pierre Bonnard

Si celle qui se fait désormais appeler Marthe figure sur plus d'un millier d'œuvres, peintures et dessins de Pierre Bonnard, elle n'est pas la première femme qu'il a aimée. Il s'est d'abord entiché de sa cousine Berthe Schaedlin, laquelle l'a éconduit. Il l’a peinte malgré tout avec sa sœur Andrée dans la série des tableaux japonistes en forme de paravent en 1891, les Femmes au jardin. Elle y apparaît élégante et souriante dans des toilettes distinguées. Des toilettes, oui. Pierre ne la connaît pas assez pour la peindre nue.

Avec Marthe, c'est une autre histoire ! Il la croque dans de nombreuses positions. Loin des pauses étudiées, les attitudes qu'elle prend sont spontanées, naturelles, et les angles sous lesquels Pierre la capture en dessin sont inhabituels et nouveaux. Elle ne le regarde pas, occupée et détendue dans son quotidien. Il ne lui demande pas de poser mais d'être, et la fige dans une silhouette juvénile jusqu'à ses dernières peintures d'elle.

Outre le nu, il la peint dans des scènes de rue où se rejoue leur rencontre encore et encore. Affairée, Marthe y promène son petit chien avec empressement, parmi les passants. Au moment de leur rencontre, justement, délaissant les Nabis, Bonnard redécouvre à 28 ans l'impressionnisme, dont les couleurs harmonieuses finissent par le séduire.

Il embrasse alors pleinement la peinture mais ne néglige pas ses autres formes d'art. Il est un décorateur très demandé et réalise des panneaux monumentaux mais demeure également un illustrateur. Il réalise de nombreuses lithographies de Marthe, qui serviront notamment à illustrer un recueil de poèmes de Verlaine.

Mais il y a eu d'autres femmes que Marthe dans sa vie, et elles poseront aussi pour Pierre. En 1916, il peint ainsi Lucienne Dupuy de Frenelle. Elle est l'épouse de son médecin de famille, il devient son amant et elle pose pour lui à plusieurs reprises alors qu'il cherche à se renouveler dans sa pratique.

Les nouveaux mouvements de l'art et le nu

En effet, la première décennie du 20e siècle est celle de nouveaux mouvements révolutionnaires dans l'art, comme le précubisme qui bouleverse Pierre Bonnard, lui qui n'a de cesse de chercher et ne s'identifie à aucun mouvement. Il se sent dépassé, il a l'impression d'avoir tout sacrifié à la couleur et se plonge plus que jamais dans les recherches.

Contrairement aux impressionnistes , il ne cherche plus à capturer un instant et une lumière mais procède avec des compositions extrêmement étudiées, notamment avec des miroirs qui fragmentent et démultiplient l'espace. Il ébauche ses tableaux dans ses carnets, ses cadrages sont photographiques et il commence également à utiliser ce médium pour préparer ses tableaux et dessins.

À cette époque, Bonnard peint également Renée Monchaty, ami de Marthe et artiste débutante qui devient, à 22 ans, son amante, ce qui déplaît fortement à Marthe. Quoi qu'il en soit, 5 ans plus tard la jeune blonde est toujours là. Renée accompagne Pierre Bonnard à Rome qui, au début de ce nouveau siècle, a la bougeotte. Il veut voir le monde : Londres, l'Espagne, l'Algérie, l'Italie et les quatre coins de la France.

Il croque tout ce qu'il voit mais c'est réellement Marthe le modèle qu'on retrouve le plus souvent dans son œuvre et c'est donc avec elle qu'il commence à intégrer le nu dans son travail. L’indolente, nom d'un tableau resté célèbre, apparaît dans des compositions sensuelles, troublantes et parfois mystérieuses.

Les dessins et peintures de Pierre Bonnard sont parfois interprétés à l'aune de leur relation. Entre 1893 et 1899, c'est la lune de miel. Mais juste après, en 1900, le tableau L'homme et la femme peut être perçu comme une preuve de la tension entre eux. La scène se joue après l'amour : les draps sont défaits, les deux amants nus et allongés. Mais loin d'être unis, ils sont séparés par un paravent et ne se regardent pas frontalement. Ils offrent leur intimité et leur vulnérabilité au spectateur mais ne se l'offrent pas l'un à l'autre. Dispute, rupture temporaire, l'attention de l'homme et la femme pourrait faire écho à l'état de leur relation. Puis Marthe disparaît un temps de sa production.

Marthe Bonnard devient artiste

Les années passent et en 1925, l'année de son mariage, Pierre peint le tableau qu'il nommera La Fenêtre, une fenêtre qui s'ouvre sur un paysage ensoleillé du Cannet, dans le sud-est de la France. Une fenêtre et une table sont au premier plan, sur laquelle on peut admirer la couverture d'un roman : Marie de Peter Nansen. De cette œuvre publiée en 1898, Bonnard a produit de nombreuses illustrations pour lesquelles Marthe a posé. La trame de cet ouvrage pourrait faire écho à la rupture mais aussi à la réconciliation des amants Bonnard.

Marthe Bonnard découvre son outil de prédilection avec le pastel. Elle met cette arme picturale au service de la nature qui l'entoure et des êtres et objets du quotidien. Grâce à des couleurs éclatantes et harmonieuses, elle guide le regard vers les fruits, les fleurs, les arbres. Elle développe une œuvre singulière et pleine de fraîcheur qui donne à voir sa vie intérieure que les peintures de Pierre Bonnard laissent à deviner.

Elle peint également son autoportrait comme pour reprendre la main sur une image qui appartient à Pierre Bonnard et s'y dessine pinceau à la main pour revendiquer clairement son activité. Si sa carrière est de courte durée sa peinture attire cependant l’attention des grands comme Claude Monet, et reçoit le soutien sans faille de Pierre Bonnard et Louise Hervieu. En juin 1924, Marthe expose même à la galerie Druet et rencontre un certain succès.

Mais après 1926, Marthe Bonnard se referme sur elle-même et son œuvre n'est plus exposée. Pierre, lui, poursuit ses toiles et continue d'y représenter son épouse.

La mort de Marthe et Pierre Bonnard

Si Pierre Bonnard est méprisé par certains, comme Picasso , qui voit dans sa peinture un pot-pourri incohérent, il suscite de plus en plus d'intérêt ailleurs. Dans les années 1920, sa réputation dépasse les frontières de la France. Bonnard reçoit des prix aux États-Unis et se voit exposer à New York. Si Pierre n'a plus à se soucier de ses finances, les époux Bonnard vivent simplement. Ils n'ont personne à leur service et de la vaisselle dépareillée.

Au Cannet, Pierre Bonnard acquiert en 1926 une villa rose aux allures de chalet avec une vue magnifique sur la baie, écrasée par le soleil du sud. Il en peint l'intérieur à de nombreuses reprises. On y voit Marthe s'habiller, se déshabiller et surtout prendre des bains, alanguie dans de magnifiques baignoires, un motif qui revient souvent dans son œuvre.

De son côté, la santé de Marthe se dégrade et avec Pierre elle va de ville d'eau en ville d'eau. Ensemble ils traversent la France et Pierre Bonnard peint toujours avec acharnement, assidûment. Il considère que c'est ainsi qu'est la peinture, non pour reprendre ses mots, l'expression d'un génie unique mais le résultat d'un travail acharné. Il peint et repeint les mêmes sujets. Il demande même aux particuliers et au galeristes de le laisser retoucher des peintures au musée . La légende raconte qu'il guette paraît-il le départ des gardiens pour sortir sa boîte de peinture et corriger ses tableaux.

D’après certains proches de Pierre, Marthe Bonnard l'isole et il s'éloigne peu à peu de Paris et de la vie mondaine. Pierre, ancien bohème aux nombreux amis, devient ermite contre son gré. Quand la guerre éclate en 1940, Pierre et Marthe décident de se réinstaller au Cannet. Lui n'en bouge plus jusqu'à la fin de la guerre. Marthe, elle, s'éteint chez elle le 27 janvier 1942. Pierre est à ses côtés et il tient à le rester puisqu'après sa propre mort le 23 janvier 1947, 5 ans plus tard, il est enterré avec elle au cimetière Notre-Dame des Anges. Leur plaque porte simplement leur nom et dates. On y lit le prénom Marthe et non Maria.

Qui était vraiment Marthe Bonnard ?

Mais le passé de Marthe revient sur le devant de la scène par-delà sa mort. En effet, des héritiers inattendus vont ressurgir après la disparition du couple de peintres et se disputer leur œuvre. Marthe et Pierre se sont mariés sans contrat et donc en communauté de biens, ce qui signifie que la moitié des œuvres de Pierre Bonnard doit revenir à sa femme ou à ses héritiers. Or, Pierre ne connaît en théorie aucun héritier à Marthe. Elle se serait présentée à lui comme orpheline et ne lui aurait jamais parlé de sa famille.

C’est en tout cas ce qu'avance la famille de Pierre Bonnard quand on apprend que Marthe a bien des héritiers mais surtout que Pierre a rédigé un faux testament ou Marthe lui lègue tous ses biens. Il aurait écrit ce texte le 11 novembre 1941 en toute bonne foi pour des raisons administratives à l'époque. Selon la loi française, le conjoint, même en l'absence d'héritier n’est qu'un successeur irrégulier, ce qui complique beaucoup les choses et aurait pu amener son atelier être mis sous séquestre le temps de chercher des héritiers de Marthe. Or Pierre, le travailleur, voulait en conserver l'accès.

Au cours de ce récit sur la vie du couple Bonnard nous avons découvert par petites touches le portrait d'une Marthe instable, misanthrope et voulant jalousement garder son amant auprès d'elle. Mais si la vérité était toute autre ? En effet, de nouveaux éléments nous révèlent que la réputation de Marthe pourrait avoir été ternie par une dispute financière autour de leur héritage.

Avec son faux testament, Pierre Bonnard aurait commis un crime sans victime, ignorant tout de la famille de celle qu'il a pourtant épousée sur le tard. Mais à sa mort, les quatre nièces de Marthe découvrent son faux testament, supposément signé par leur tante après sa mort. Par inadvertance, Pierre l'a en effet daté du jour de la visite du notaire. Le procès qui s'ouvre dure près de 16 ans et se conclut sur une victoire en demi-teinte des héritières de Marthe puisque seules les œuvres divulguées sont incluses dans la communauté de biens et que Pierre Bonnard a conservé de nombreux travaux secrets.

Mais cette bataille judiciaire aurait été le moment où la réputation de Marthe a été véritablement ternie. En effet, pour justifier la bonne foi de Pierre, il a fallu prouver qu'il ignorait tout de la famille de Marthe. Mais de nouveaux éléments ont été mis à jour qui contredisent l'histoire communément admise. Pourquoi Marthe et Pierre se sont-ils mariés si tard ? Marthe se sentait-elle vraiment menacée par Renée Monchaty, l'amante de Pierre, ou est-ce une conséquence d'un premier mariage de Marthe, qui signe le certificat de décès de son frère du nom de Renard. Et le suicide de Renée ? Les témoignages sont contradictoires et spectaculaires mais son certificat de décès précise qu'elle est morte chez elle.

Marthe aurait-elle vraiment caché sa famille à Pierre alors qu'elle aurait écrit des cartes à sa nièce Gabrielle pendant leurs années de vie commune ? Quant au caractère misanthrope de Marthe, d'après les lettres qu'envoyait Pierre à sa famille, il est surtout apparu durant les 10 dernières années de la vie de son épouse, alors que sa santé se détériorait.

Qui détient aujourd'hui la vérité sur Marthe Bonnard alias Marthe de Méligny, alias Marthe Solange, alias Maria Boursin ? Une chose est sûre : pour quelqu'un qui qui posait nue si souvent, elle a encore bien des choses à révéler !

Historiquement Vôtre est réalisée par Loic Vimard.

Rédaction en chef : Benjamin Delsol.

Auteur du récit : Théodore Dehgan.

Journaliste : Armelle Thiberge.

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