Chaque jour, pendant l'été, Europe 1 vous fait découvrir un endroit caché sur la route de vos vacances.
Marcheur infatigable, auteur de plusieurs guides –le dernier s’intitule "Marche à pied… de vigne" (chez Féret). C’est dans l’Entre-deux-Mers que le Bordelais Jean-Pierre Xiradakis nous conduit. Entre Dordogne et Garonne, lui connaît toutes les bastides, églises romanes, moulins, sans oublier le vignoble bien sûr. "Les gens ont toujours besoin de comparer et disent que c'est un peu comme la Toscane. Non, pas du tout ! C'est bien plus beau que la Toscane. Il y a des vestiges historiques, archéologiques qui sont absolument uniques. Là, on est chez des gens qui font des vins délicieux. Des vins comme j'aime, c'est-à-dire des vins qui ne sont pas massacrés par le bois, qui sont simplement du fruit. Des vins originels", explique-t-il.
Des balades marquées par des rencontres comme ici, dans le village de Lugasson. Une demeure bourgeoise, conservée dans son jus, des vignes et un personnage étonnant : Jean Saric, viticulteur, et pas seulement : "Je suis en train de faire une commande pour le Brésil. Je suis médecin, surtout chirurgien et spécialiste des maladies du foie. Cette propriété est une propriété familiale. On faisait du vin et j'ai pris le relais. Je suis un manuel mais toute activité manuelle est une activité intellectuelle. Mon premier patron de chirurgie m'a dit : 'Regarde, ce thoras est ouvert. On va mettre la main sur le cœur de ce malade qui est en train de battre. Ta main est posée juste sur le cœur mais ça s'arrête au poignet. Moi, ma main est posée sur le cœur mais ça remonte jusqu'au cerveau.' On est manuel que parce que l'on est un intellectuel qui réfléchit. La taille de la vigne par exemple, c'est travailler un matériau dont l'évolution est programmée dans les deux ans qui suivent. Donc quand vous donnez un coup de sécateur sur une branche de vigne, vous savez que vous allez mettre certains bourgeons à fruit, d'autres vont fabriquer du bois pour l'année N+1. Et moi c'est pareil quand je fais de la chirurgie et que je coupe différents viscère, que ce soit du foie, du pancréas ou du côlon. Chacun a sa spécificité de cicatrisation et d'évolution."
Au gré de cette marche dans l’Entre-deux-Mers avec Jean-Pierre Xiradakis, d’autres surprises nous attendent. Il suffit parfois de lever les yeux, et de bien observer le patrimoine. "On est dans un petit village de l'Entre-Deux-Mers avec une des églises les plus remarquables. Une église romane. Il y a des sculptures et ces sculptures ont des particularités. Ce sont des modillons que l'on appelle 'pronographiques'. Pourquoi ? Parce que de ce que je sais ou de ce que j'ai lu, il fallait que le péché soit authentifié, vérifié, expliqué et surtout, que ça reste à l'extérieur de l'église. Alors là, ce sont des sculpteurs de pierres de l'époque du XIIème siècle. En 1100 et quelques, les mecs s'en donnaient à cœur joie", raconte-t-il.
Chronique réalisée par Stéphane Place.