Chaque matin, Samuel Etienne revient sur ce qui fait la Une des quotidiens nationaux.
Le rap revisité par les Inconnus, "C'est ton destin", 1991.
Libération connait ses classiques, et le détourne ce matin en sa Une, pour interpeller Emmanuel Macron : "Eh Manu, tu redescends ?" Illustré par une photo - vous savez - de ce Macron triomphant, au soir du 1er tour, bien trop triomphant pour Libé, au vu des enjeux.
Laurent Joffrin parle de l'incroyable boulette symbolique de dimanche soir, quand le premier du premier tour s'est déjà vu "gagnant du second".
Question : "Macron sera-t-il le porte-parole, non des bobos et des start-uppers, mais de la République ?". Joffrin prévient : "Beaucoup de choses changent sur Marine Le Pen est à 35% ou à 45%. C'est la différence entre un FN désavoué et un FN conquérant. Entre une République rassérénée et une République menacée".
Et le constat ce matin du journal L'Opinion vient nourrir l'inquiétude de Libération. Ce constat, c'est la tentation du "sans nous". Ce constat, c'est que la dramatisation de 2002, c'est fini. Le FN ne fait plus vraiment peur. Par stratégie, dégoût ou désintérêt, les électeurs pourraient bouder le second tour.
L'Opinion relève que sur Twitter, la formule "On me demande de faire barrage, mais je ne suis pas un castor", rencontre un réel succès.
Certains estiment que le sursaut républicain de 2002 n'a pas servi à grand-chose, qu'après les beaux discours de Jacques Chirac, rien n'a été fait pour endiguer le FN. Certains disent : "On ne nous aura pas deux fois".
La Une du Parisien-Aujourd'hui en France interpelle: "Marine Le Pen : une candidate normale ?". Le Parisien qui constate, lui aussi, que 15 ans après 2002, le Front National s'est banalisé, au point que sa qualification est accueillie dans une indifférence presque totale.
Dans les colonnes du journal, le philosophe Raphaël Glucksmann se dit "choqué" par cette banalisation. "En réalité, ce n'est pas le FN qui a changé, mais nous qui avons changé face à lui. On est devenu sans conscience, amorphe, apathique".
"Le FN reste un parti dont le ressort est le mythe de l'immigration zéro et la chasse aux immigrés. Il rejette les principes même sur lesquels la République s'est fondée. Non, conclut Glucksmann, ce n'est pas un parti comme les autres".