Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, le dernier jour de campagne des élections législatives, et le match des Bleus ce soir face au Portugal.
A 48H du scrutin cela semble très difficile à pronostiquer...
En gros titre ce matin, les Echos tablent sur "une majorité impossible". "Pour Le RN, la majorité absolue semble s’éloigner" annonce également le Figaro.
C’est ce qui ressort effectivement des deux projections en siège que publie ces deux journaux et qui viennent compléter le sondage Opinion Way pour Europe 1 dont on vous parle depuis ce matin.
Pour vous résumer ces 3 enquêtes :
Elles semblent s’accorder à peu près sur le nombre de futurs députés RN. Ils devraient se retrouver dans l’hémicycle entre 205 et 240. En revanche l’écart est beaucoup plus important concernant le front de gauche crédité selon les instituts de 130 à 200 députés. ce qui n’est évidemment pas du tout la même chose. Quant au bloc central, là ce n’est plus une fourchette, c’est une fourche : les différents instituts le donne entre 95 et 175 députés !
Par ailleurs même sur le score du RN, on se doit de rester prudent. Guillaume Tabard, le grand spécialiste de la mécanique électorale du Figaro, signale qu’il est peut-être sous côté par les instituts.
Il y a deux ans rappelle-t-il les mêmes sondeurs au même moment l’avaient crédité de moins de 50 sièges. Ils en avaient finalement obtenu 89. Les instituts n’avaient pas anticipé de bons reports de voix. Enfin, il y a aussi une grosse incertitude sur la réaction de l’électorat face à la stratégie de barrage de tous les autres partis signale tabard. Un autre sondage Odoxa backbone pour le Figaro indique d’ailleurs que 52% des Français jugent négativement ces désistements contre 46 qui les approuvent.
Indifférence, peur, tristesse.
La conclusion de tout ça c’est qu’il vaut quand même mieux rester très, très, prudent.
Mais si le paysage politique est flou, L’état d’esprit dans lequel sont les Français lui est plus net.
C’est dans l’Opinion que vous lirez cette très intéressante enquête sur notre ressenti de la situation politique...
Indifférence, peur, tristesse. C’est le triptyque qui se dégage clairement chez les Français explique Stewart Chau le directeur d’étude chez Vérian auteur de cette enquête.
"La peur d’abord. Elle est ancrée dans la campagne depuis l’annonce de la dissolution. Elle est liée à l’incertitude".
"A égalité, la tristesse. La promesse de lutter contre les passions tristes formulé par le président a échoué".
"Enfin l’indifférence montre bien que cet entre-deux tours n’aura pas franchement réussi à réintéresser les Français à la politique poursuit-il... Surtout dans un contexte où, malgré une progression de la participation, on a vu ressurgir la politique politicienne avec les alliances de circonstance".
Et comme en écho, dernier soubresaut de cette campagne d’entre deux tours : l’affaire Ruffin. Celui qui considérait il y a encore quelques jours Emmanuel Macron comme "un taré" va finalement être heureux de bénéficier des voix de sa candidate pour sauver sa peau. Il en a même rompu officiellement avec Jean Luc Mélenchon raconte le Figaro. De quoi alimenter les rumeurs sur sa participation à une très hypothétique majorité de coalition anti-RN.
Le Grand flou
Hypothétique, parce que même si dimanche l’addition des sièges des Républicains des macronistes, des socialistes des écologistes et des communistes permettrait sur le papier de dégager une majorité même relative. Sur quoi pourront il s’entendre ? Augmenter ou pas les impôts ? Supprimer ou pas la réforme des retraites ? Poursuivre ou non le nucléaire ? Faire des économies ou de nouvelles dépenses ? Ils ne sont d’accord sur rien.
C’est le grand flou pour le Parisien Aujourd’hui en France en gros titre. "Ils divergent fondamentalement sur le font et sur la forme". "Personne n’a la même boussole -écrit Marcelo Weisfred-. Les tractations pourraient s’éterniser. Sinon c’est le scénario d’un pays bloqué et ingouvernable qui se profilera".
Oui, "Aucune issue ne s’impose, aucune n’est satisfaisante". La société française est hystérisée comme jamais résume Cécile Cornudet des Echos.
"L’élection ne clôt pas la séquence, elle ouvre sur une grande incertitude". Comme la convocation par Louis 16 des Etats généraux cette dissolution qui devait mettre un terme à la crise ouvre en réalité tout un processus. « Rien ne se termine, tout commence » mais quoi s’interroge-t-elle ?
En 1789, on sait en tous comment cela s’est terminé...
Tout le monde a besoin d’un but
Dans cette obscurité politique, la lumière pourrait venir de... Hambourg ! Si le foot sert à quelque chose c’est à ça : Apaiser, unir un peu un peuple au moins le temps d’un match.
Ce soir, face aux Portugais de Ronaldo ce ne sera évidemment pas de la tarte prédisent les gazettes. Mais il faut bien sûr y croire.
"Les bleus sont la preuve que tout le monde a besoin d’un but dans la vie -écrit philosophe Vincent Duluc de l’Equipe-. Surtout si c’est un but dans le jeu pas un pénalty pas un but contre son camp".
L’Equipe de France a besoin d’un match dont le pays reparle le lendemain sans soupirer ajoute-t-il. D’un souvenir heureux, d’un élan soudain et d’une qualification pour une demi-finale de l’Euro..."